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Lara Lee a lu les coquelicots de sang de Rose Morvan

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Lara Lee a lu les coquelicots de sang de Rose Morvan

4e de couverture :

« Si j’ai entrepris d’écrire à partir de maintenant ce journal, c’est pour témoigner de notre difficulté à nous insérer dans ce monde d’hommes, surtout dans le domaine de la médecine où la méfiance à l’égard de notre sexe est tenace. Nos cerveaux, paraît-il, sont inaptes à concevoir la chose médicale. Ce présupposé nous maintient dans l’infériorité intellectuelle et nous enferme dans le gouffre de l’impossible crédibilité. Les plus virulents de nos adversaires y voient une altération, une aberration même de la nature, démontrant de manière tout à fait scientifique l’incompatibilité irréfragable d’être femme et médecin à la fois ! […]
Certains confrères et mes parents ne comprennent pas mon choix. « C’est trop dur pour une femme ! » Les infirmières y sont bien, elles ! Pourquoi pas moi ? J’ai le cœur bien accroché. J’ai conscience que je devrai m’imposer dans les hôpitaux militaires pour être crédible. Cela m’est égal, j’ai le sang vif et la détermination qui l’accompagne. Je ne laisserai personne me dicter ma conduite.
C’est ma façon de remplir mon devoir de femme, de citoyenne et de médecin. »

Dans une profession exercée exclusivement par des hommes, elle a réussi à s’imposer et à devenir la meilleure dans sa spécialité.

Dans un début de siècle engoncé dans un carcan moral, social et religieux, elle a assumé qui elle était et ce qu’elle était.

Dans une société qui ne permettait pas aux femmes de vivre leurs passions amoureuses, elle a vécu les siennes en dépit de tout et de tous.

À une époque marquée par le patriarcat, elle a osé être une femme libre. Tout simplement.

Voici l’histoire du docteur Albertine Régnier, femme exceptionnelle et pourtant méconnue dont l’Histoire n’a pas retenu le nom. Il est temps de lui rendre hommage.

 

Mon avis :

Je découvre la plume de Rose Morvan avec cet opus. Je n’ai jamais aimé lire sur la guerre, quelle que soit celle-ci.

Dans ce récit sur la vie de cette femme-médecin qui est restée inconnue pour l’Histoire, la plume de Rose Morvan est sincère sans être trop horrifique, malgré les descriptions des graves blessures de ces soldats qui sont revenus défigurés du front.

Dans ce livre, nous suivons le docteur Albertine Régnier, femme chirurgien sur le front et durant l’après-guerre de 1914 à 1920. C’est un récit romancé, certes, mais c’est également un ouvrage qui transcrit la force d’une femme face à un monde paternaliste vieillissant, qui cherche sa place dans la société en exerçant un métier qui a toujours été occupé que par les hommes. Albertine Régnier sera un meilleur chirurgien que la plupart de ses confrères. Elle réussira à s’imposer dans une société où la femme n’avait de place qu’au foyer. À l’instar des femmes de son époque qui, durant la guerre, ont remplacé les hommes à l’usine ou aux champs, elle a exercé son métier en opérant les blessés et en se spécialisant dans la reconstruction faciale des grands mutilés de cette guerre.

Cette femme, en avance sur son temps, de par son métier et sa vision de la vie, assumera sa façon de vivre avant-gardiste, se heurtant avec les pensées bourgeoises de sa propre mère qui ira jusqu'à la renier.

Même si cette époque de l’Histoire ne m’a jamais passionnée, Rose Morvan a réussi à me faire lire ce joli récit sur les passions d’une femme d’une grandeur d’âme exceptionnelle. Albertine Régnier était un grand chirurgien et une femme qui, si elle avait vécu aujourd’hui, aurait été portée aux nues par ses confrères.

Un très beau livre écrit par une belle plume…

J’ai d’autres opus de Rose Morvan dans ma PAL que j’aurais plaisir à découvrir !

Pour illustrer musicalement ce retour de lecture, j’ai choisi la chanson « les soldats » de Casthélémis dont les paroles « éclat d’obus dans la poitrine, les gaz ont rongé tes poumons, plus de trois millions d’orphelines, merci aux marchands de canons » entre autres soulignent fortement les horreurs de cette guerre… chanson qui conclut avec «  on n’oubliera pas que la guerre ne sera jamais la dernière tant qu’on verra ici ou là défiler l’ombre d’un soldat ».

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