Extrait de Vorgs !
CHAPITRE 1
La cité dévastée
De la poussière… Partout il n’y avait que de la poussière. Vivre dans la cité était devenu impossible tellement l’air était irrespirable. D’ailleurs, pouvait-on encore appeler « cité » cet amas de ruines, de murs éventrés où la violence était devenue quotidienne ? Les rescapés du Grand Cataclysme n’avaient plus de logement, plus de travail et devaient se battre pour la nourriture et les médicaments.
— Il est temps de partir ! hurla Kassalia à la cantonade.
Grande et de forte stature, cette femme d’une quarantaine d’années avait décidé de sauver le plus de monde possible en les emmenant hors de la ville. Aidée par ses deux meilleurs amis, Looper et Hooleevenn, elle avait mis sur pied une expédition composée de plusieurs véhicules où étaient entassés les maigres biens qu’ils avaient pu sauver et le nécessaire de survie qu’ils avaient pu voler à droite et à gauche. Pour l’heure, une centaine de rescapés les attendait à la périphérie de l’ancienne grande cité. L’idée de Kassalia était de trouver une terre d’accueil non décimée par le Grand Cataclysme pour y construire un nouvel Eden.
Hooleevenn fit vrombir le moteur du side-car, invitant Kassalia à monter derrière lui, Looper s’étant déjà glissé dans le side. Le trio fila à vitesse moyenne à travers les rues dévastées de la cité où mendiaient de pauvres hères.
— Tu ne peux pas tous les sauver, gronda Hooleevenn lorsque Kassalia lui montra les mendiants. Tu as déjà une caravane d’une centaine de voyageurs qui t’attend.
Kassalia se renfrogna. Ses yeux noirs étaient tristes. Mais Hooleevenn était la voix de la raison. Elle ne pouvait pas tous les sauver. Elle passa une main tremblante dans ses cheveux bruns qu’elle portait très courts, signe d’énervement chez cette force de la nature qui ne baissait jamais les bras.
***
Souffrances...
Brûlures...
Morts...
Je veux que tout ceci cesse… Je ne peux plus le supporter...
Cette voix dans ma tête qui me pousse à tuer...
Ma peau durcit. Ma peau me gratte.
Je deviens une autre.
Jour après jour, je mue et je me transforme en… ça !
Je hurle, je pleure, je supplie...
Jamais il ne m’écoute et toujours il m’injecte cette saloperie de produit qui fait de moi ce monstre.
***
CHAPITRE 2
Le cadavre
Dans un bruit mêlant pétarades des pots d’échappement et grincements des essieux rafistolés, la caravane avançait au pas, soulevant un large nuage de poussière orangée, limitant sa vitesse à celle de l’homme qui marchait au-devant, tel un éclaireur.
Le teint mat de celui qui passe sa vie au grand air, l’homme était un colosse d’environ deux mètres de hauteur avec une large stature qui équilibrait parfaitement son apparence physique. Des cheveux bruns striés d’argent bouclaient librement sur son cou de taureau. Son visage était beau avec des traits fins éclairés par des prunelles d’un vert lumineux. Une courte barbe mi-brune mi-argent encadrait des lèvres légèrement boudeuses. Son regard perspicace se posait avec dédain sur tout ce qui l’entourait, et un réel ennui semblait se dégager du colosse.
Mais il ne fallait pas se fier à son attitude. Au contraire, Hooleevenn Ac’’Manta était tout sauf dédaigneux. Il étudiait avec sérieux son environnement afin de l’utiliser au mieux. Cet homme avait une excellente mémoire. Il n’oubliait jamais rien ni personne. Malheur à celui qui lui faisait une crasse, il avait le don de se venger des années plus tard. Mieux valait ne pas être de ses ennemis.
Sur une partie de son front et de sa tempe droite étaient tatoués des glyphes d’une langue inconnue dans ce monde-ci, ce qui lui conférait une aura mystérieuse. Il portait un jean qui mettait en valeur ses longues jambes musclées. Son torse nu s’offrait sans pudeur aucune au soleil de cette fin d’après-midi. La fine poussière orangée qui planait dans l’air depuis le Grand Cataclysme se mêlait à la sueur qui recouvrait sa peau. Sur les muscles saillants de ses bras étaient aussi tatoués des glyphes mystérieux dans le même style que ceux qui ornaient son front et sa tempe.
Hooleevenn Ac’’Manta marchait au rythme de son bâton d’acier qu’il plantait régulièrement dans le sol aride du désert. Les rayons du soleil miroitaient sur la longue tige de métal où apparaissaient de temps à autre les mêmes glyphes que les tatouages du colosse.
Soudain, l’éclaireur leva son bâton en l’air et toute la caravane stoppa dans un effroyable bruit de ferraille. Tous les voyageurs grincèrent des dents quand retentit le bruit strident d’une centaine de véhicules freinant tous en même temps, soulevant de la poussière qui enveloppa toute la caravane. Les voyageurs toussèrent quand les scories orangées se collèrent sur leur peau et sur la carrosserie des voitures. Quand la poussière retomba, tous les hommes présents ôtèrent le foulard qu’ils avaient sur leur visage pour éviter de respirer trop de résidus terreux.
Le conducteur du premier véhicule, un homme au physique décharné et au cheveu rare, sortit de la cabine de son gros camion d’aspect rouillé et beugla en remontant sans ménagement ses lunettes de myope sur son long nez fin :
— Bordel, Hool ! T’es malade de nous faire stopper ici ! Même les charognards ne s’arrêtent pas dans ce coin ! Tu sais où on est ? C’est l’endroit préféré des pilleurs de caravanes et…
Une quinte de toux l’interrompit et il cracha ses poumons. Il reprit avec une voix éraillée :
— C’est ton satané machin qui t’a dit qu’on devait s’planter ici ?
Myope comme une taupe, le maigrichon fixait le bâton d’acier à travers le verre épais de ses lunettes rondes à monture d’écaille qui lui étaient encore tombées sur le bout du nez.
Hooleevenn Ac’’Manta, puisque c’était lui que l’homme au physique décharné surnommait affectueusement « Hool », regarda son bâton et grommela une réponse en montrant du bout de son « satané machin » la forme étendue en plein milieu du chemin caillouteux.
— Y’a un cadavre devant ton camion, expliqua enfin le colosse d’une voix de stentor pour être entendu de tous.
Son interlocuteur lui jeta un regard furibond.
— Fais pas chier, Hool, j’pouvais lui rouler d’ssus : On s’en fiche des macchabées ! Y’en a tellement par les temps qui courent qu’on a déjà certainement roulé sur certains sans les avoir vus. Tu nous fais perdre notre temps ! Et c’est peut-être une manœuvre des pilleurs de caravanes !
Durant les quelques minutes qu’avait duré l’altercation entre le binoclard excité et le colosse qui tentait de garder son calme, une foule de curieux avait jailli des véhicules. Hommes, Femmes et enfants s’étaient agglutinés autour du corps qui gisait au sol. En ces temps apocalyptiques, les enfants vivaient au même rythme que les adultes et leur innocence était depuis longtemps qu’un lointain souvenir.
Pour connaître la suite des aventures de Kassalia, Hooleevenn et Looper, ouvrez le livre VORGS! et laissez-vous emporter sur le chemin qu'emprunte la caravane menée de main de maître par Kassalia.
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VORGS !: Les cartes du Destin *
Une caravane regroupant des rescapés d'un Grand Cataclysme se met en route sous le soleil du désert, soulevant la poussière jaune qui se colle sur les vêtements de Kassalia. La grande femme aux...