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Extrait du voisin de palier

Publié par Lara Lee Lou Ka

Extrait du voisin de palier

CHAPITRE 1

 

SONNY

 

C’est quoi ce bruit ? Purée, il est 8h du mat’ et y’a tou­jours un con pour foutre le bordel quand je suis en congé ! Et en plus le dernier jour ! Je vais lui dire ma fa­çon de penser !

Je prends ma lampe torche autant pour m’éclairer que pour lui foutre sur la gueule s’il me fait chier. Ouais, je sais, je suis pas aimable. Jamais quand on me réveille en sursaut. J’enfile à la hâte un pantalon de jogging pourri par-dessus ma chemise de nuit tout aussi pourrie. Je noue mes cheveux à la va-vite avec un chouchou. C’est loin d’être sexy mais je m’en tape ! Là, j’ai tout juste envie de bouffer du voisin au petit déj’ !

Un autre bruit résonne dans le couloir comme si un tas de trucs lourds s’était étalé par terre. J’entends des jurons étouffés. Et à côté de ma porte d’entrée en plus ! Furax je l’ouvre sans m’offusquer un instant d’être en nuisette avec un pantalon destroy et les cheveux en pétard.

À ma gauche, dans le couloir, la porte de ma voisine de palier est ouverte. Manquerait plus que je sois tombée sur un cambrioleur ! Bon, d’hab, ils sont plus discrets. La lumière automatique du corridor s’éteint brutalement. Je détecte une silhouette sur ma droite qui ramasse des cartons. J’appuie sur l’interrupteur au moment où la per­sonne se redresse, des boîtes plein les bras. Je ne sais pas si c’est un homme ou une femme car la pile lui cache le visage. Mais avec de telles épaules, j’espère que ce n’est pas une nana ! Trois cartons vacillent en équilibre sur les avant-bras du nouvel arrivant.

Vous êtes qui ? j’aboie, agressive.

Bah oui, je suis jamais aimable le matin ! Surtout si je n’ai pas encore bu mon café. L’inconnu se penche et pose les cartons à terre. Il se redresse et là, je croise son re­gard.

Wow ! Je dois rêver ! Ça ne peut être lui ! Si en plus, il a l’accent canadien, je vais tomber dans les pommes ! Le sosie de Mike Dopud, ce bel acteur et casca­deur canadien est sur mon palier ! Sosie car, au contraire de Mike qui a les yeux gris bleu, les iris de mon inconnu sont vert pâle comme du jade. Mais qui c’est ce type d’abord ?

Je sens son regard sur moi. Je dois avoir l’air revêche, comme tous les matins.

Vous faites quoi ? demandé-je encore sur un ton tou­jours peu aimable, quoique radouci par la beauté du mec.

L’inconnu me jette un regard malicieux et, avec un sou­rire craquant, rétorque :

Ben, je cambriole votre voisine !

Avisant ma lampe torche qui s’élève rapidement au-des­sus de ma tête par un instinct primaire de l’ours au ré­veil, il ajoute :

Oh oh ! Je plaisante ! J’emménage voyons ! Je suis votre nouveau voisin. J’ai acheté cet appartement la se­maine dernière.

Et vous emménagez à 8h du matin pour faire chier vos voisins ? répliqué-je, toujours sur la défensive.

Il me jauge du regard un instant puis prend les cartons restés à terre et les transporte à l’intérieur de son ap­partement.

Entrez ! me crie-t-il par-dessus son épaule où est ta­toué un sablier ou une clepsydre, je ne saurais dire telle­ment le dessin est original. Je vais faire du café ! Il me semble que vous en avez besoin. Je ne voudrais pas que vous arriviez au boulot avec une humeur de chien à cause de moi.

Je suis en congé, grogné-je. C’est pour ça que je dor­mais encore à 8h ce matin !

Je veux tourner les talons et regagner mon lit quand il me jette un regard et me dit :

Laissez-moi me faire pardonner de vous avoir réveillée en sursaut. Un café, juste un café. Le temps de trouver où brancher mon tassimo ou truc du genre…

Truc du genre, répété-je. Vous ne savez même pas avec quoi vous allez me faire un café ?

Il ouvre un des cartons et en sort une superbe machine à expresso ultra luxe encore dans son emballage d’origine.

Cadeau de départ de mes anciens collègues pour ma mutation en province, m’explique-t-il patiemment. Je ne sais même pas comment ce truc fonctionne. Jusque là je ne buvais que du café soluble.

Je souris. Décidément, il me plaît ce type. Je vais lui don­ner une chance de se faire pardonner. Mieux vaut être en bon terme avec son voisin de palier. Surtout quand on en n’a qu’un et que nos portes d’entrée sont l’une à côté de l’autre en angle droit. Oui d’accord, surtout si le mec en question est beau à tomber par terre !

Je peux aller enfiler une tenue plus présentable ? lui demandé-je avec un sourire qui se veut avenant.

Il me détaille un instant moi, ma tenue débraillée et mes chaussons à tête de lion. Il me sourit et hoche la tête.

Je vous attends, dit-il seulement.

Et je rentre chez moi.

 

Lara Lee Lou Ka ( extrait du voisin de palier)