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lara lee lou ka

Extrait de la Prophétie d'Oulibanki (Sheendara 2)

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extrait de la Prophétie d'Oulibanki (Sheendara 2)

Laissez-moi descendre de cet enfer flottant ! gron­da Criip en se précipitant sur la passerelle qui venait tout juste de toucher terre.

Pousse-toi, l’écailleux, couina Uruk en posant sa patte velue sur les naseaux fumants du petit dragon, je passe d’abord !

Et pourquoi serais-tu le premier, vieille carpette ve­lue ? grogna Criip en repoussant l’orque vers le milieu du pont.

Laisse-le descendre, Criip ! intervint fermement Kelm, il est encore malade !

Le petit dragon se recula juste à temps pour voir cou­rir à terre l’écritorien qui se tenait la bouche fer­mée avec l’une de ses pattes. Il se mit à vomir ses tripes dès qu’il fut sur la terre ferme.

Sympa la traversée ! grinça Timmin en s’adres­sant à Criip. Entre tes jérémiades et les vomisse­ments d’Uruk, la balade a été super agréable !

Piteux de s’être laissé aller à pleurnicher durant tout le voyage, le petit dragon s’empressa de re­joindre Uruk, suivi par les trois simpalidis qui lui mur­muraient de gentilles paroles pour le réconforter.

Même dans les Farwfz, ça ne puait pas autant, cra­cha Maître Kimmi qui nettoyait les vomissures qui souillaient le pont du bateau.

C’était juste un peu plus boueux, plaisanta Kel­nyann qui lui prêtait main forte après avoir réquisi­tionné le nain pour ce travail fort peu plaisant.

Pendant que certains lavaient le bateau, d’autres des­cendaient à terre tous les paquets, tonneaux et autres bagages utiles à l’expédition. Rouge-Fier leur avait même fourni un nouveau moyen de transport pour leurs marchandises. Seulement, il était en pièces dé­tachées et il fallait que les compagnons l’assemblent afin de pouvoir s’en servir. Elwynn, Mia­kas et Kelm s’attelèrent à cette tâche, aidé par Man­dion qui déchif­frait le schéma dessiné sur un parche­min qu’ils avaient trouvé, roulé et attaché avec les différents morceaux de bois.

On va enfin pouvoir remettre tout ce barda dans une charruette, soupira l’elfe en disposant toutes les différentes pièces du puzzle selon les indications du druide.

C’est une carriotte en langage reddin, souligna Mandion avant de montrer du doigt deux mor­ceaux qui devaient s’emboîter l’un dans l’autre.

Carriotte ou charruette, dit Miakas, ne chipo­tons pas avec les mots, ce n’est qu’un roule-charge !

Une charruette possède deux roues, une car­riotte en a quatre, expliqua doctement le druide au centaure comme s’il était un élève peu attentif. Chaque mot à sa signification. Une charruette n’est pas une carriotte et je suis sûr que ton roule-charge est encore différent, me trompé-je ?

Non, ça n’a qu’une seule roue et nous le pous­sons à la force des bras, avoua Miakas.

Il existe aussi des charruettes qu’on pousse à la force des bras, dit Oryann en déposant des pa­quets à terre. Kelnyann en avait une quand elle habitait le long de la forêt des Sapineux.

Tout en devisant sur les différents modèles de trans­port de marchandises, la carriotte fut assez faci­lement assemblée par les trois compagnons.

Regardez ce que j’ai trouvé dans les bagages, s’ex­clama Timmin en montrant une chaise en bois.

Pose là ici, dans la carriotte, lui répondit Man­dion après avoir consulté son parchemin. Il faut la fixer afin qu’elle ne bouge pas.

À quoi ça sert, demanda Mariska en se rappro­chant.

Encore un cadeau de Rouge-Fier, souligna Merlin en souriant.

Un siège pour qu’Uruk n’ait pas à remonter sur un simpalada, expliqua Mandion.

Il en a de la chance, dit une voix claire.

Sortant des eaux, Yavana s’avançait gracieuse­ment vers eux. Elwynn rougit violemment quand il s’aperçut que la naïade ne portait aucun vêtement et que cela n’avait pas l’air de la déranger. Le prince Fäienis alla à sa rencontre à grands pas et la recou­vrit d’une grande cape afin de cacher sa nudité.

Je croyais que les elfes n’étaient pas pudiques, murmura Oryann. J’ai toujours entendu dire qu’ils évoluaient dans le plus simple appareil, que ce soit dans les forêts ou dans les eaux.

Pas les Fäienis, répliqua doucement Merlin. Je les ai toujours vus vêtus. Je crains que les naïades n’aient pas la même conception de la pu­deur. Ma fille a l’air de lui en faire voir de toutes les couleurs !

Le grand mage ne croyait pas si bien dire. Les amou­reux se disputaient non loin d’eux et Yavana avait lais­sé tomber la cape à terre alors que l’elfe ten­tait de lui remettre de force sur les épaules.

Kelnyann intervint fermement dans leur conversa­tion en invitant gentiment la jeune limnade à enfiler la tu­nique légère qu’elle lui apportait. Yavana obtempé­ra car si la voix de la Sorcière était douce, son regard était hypnotique. Et la naïade eut soudainement l’im­pression qu’il fallait qu’elle se vêtit rapidement.

Kelnyann venait juste de mettre en application l’un des enseignements reddins que lui avait appris Pen­sée-Pure.

Peu de temps après, le bateau s’éloigna sur le fleuve et la petite compagnie débuta son exploration de la steppe des Fous. C’était une immense étendue semi aride où seuls de grands arbres bleus pous­saient. En­fin, seul leur feuillage était bleu car leur tronc était sombre, tordu et squelettique. De petits animaux sau­tillants au pelage épais, à la queue ronde et touffue,

aux longues oreilles tombantes et au museau poilu, gravitaient autour d’eux comme s’ils voulaient servir d’escorte à la caravane.

Je me demande si ça se mange, dit un des sol­dats de Finus en les observant.

Hamel est un gourmand ! se moqua son compag­non d’armes. Dès qu’il voit un animal, il l’ima­gine en brochettes !

Les sourcils froncés, Elwynn leur fit signe de se taire. Il n’était pas tranquille. Ses yeux ne voyaient rien mais son intuition aiguë l’avertissait d’un danger im­minent. Il repensait à ces hommes à la peau noire et aux cheveux rouges qu’il avait été le seul à voir cam­per près des arbres bleus de la berge du fleuve Rouge. Mais ces arbres étaient à présent derrière eux et l’elfe n’y avait vu personne.

Un cri se fit entendre. C’était un signal de rallie­ment. De nombreux hommes apparurent juchés sur des montures semblables aux simpaladas si ce n’était la petite excroissance pointue qu’elles por­taient sur leur front.

Les hommes noirs aux cheveux rouges, mur­mura Elwynn.

Les pillards de la steppe, renchérit Merlin. Un peu d’exercice, les enfants ?

Ils sont nombreux, souligna Mandion.

Mon épée commençait à rouiller, s’exclama Oryann, joyeuse. Enfin, de l’action !

Un mot de toi, Kelm, et mon arc lâche son trait, dit aussi Mariska.

Kelm ne disait rien. Il observait. C’était les hommes noirs de la vision d’Elwynn. Le jeune homme dénom­bra plus d’une centaine d’assaillants et lorsqu’il se re­tourna, il vit qu’ils étaient encerclés.

 

Pour connaître la suite des aventures de Kelm et ses amis, ouvrez le tome 2 de Sheendara : la prophétie d'Oulibanki. 

 

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Extrait de la légende de la Pierre Sacrée (Sheendara 1)

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extrait de la légende de la Pierre Sacrée (Sheendara 1)

CHAPITRE I

 

La végétation luxuriante et brillante de rosée semblait s’éveiller en même temps que l’homme qui gisait sur son sol, nu. Il cligna des yeux. Son regard était aussi bleu que le ciel au-dessus de lui. Puis il grimaça en portant la main à sa tête.

Bon sang, maugréa-t-il en se redressant à demi. Que s’est-il passé ?

Sa mémoire lui faisait défaut. Rien. Il ne se rappelait de rien avant ces quelques minutes. Il voulut se lever mais le sol sembla se dérober sous ses pieds. La tête lui tournait. Il se rassit précipitamment. Il se sen­tit soudain seul au monde, comme un naufragé ve­nant de s’échouer sur une île déserte.

Où que son regard se pose, il n’y avait que la forêt. Des arbres majestueux, avec de magnifiques feuillages roses et or, l’entouraient.

Au bout d’un certain temps, il essaya à nouveau de se lever. Sa tête le faisait toujours souffrir mais c’était supportable. Il voulait savoir où il se trouvait. Il se mit en marche. Se laissant guider par son instinct, il s’en­gagea dans la forêt qui semblait lui ouvrir ses futaies comme des bras amoureux.

Il marcha aussi longtemps qu’il le put, mais quelle que soit la direction qu’il prenait, seuls des arbres et de grandes fougères violettes semblaient exister dans cet endroit. Il commença à s’inquiéter.

Il avait froid et pourtant son corps nu était ruisselant de sueur. Il avait faim et ne voyait rien de comestible autour de lui.

Il ne savait pas où il était, ni qui il était. Sa mémoire était une page blanche.

Soudain, un bruit discret se fit entendre derrière lui. Il sursauta et son pied se prit dans une racine. Il som­bra dans le néant après que sa tête eut touché le sol.

 

***

 

Jour 1

Carnet de bord du Professeur Q.

 

X00032 est arrivé à destination. Le transfert de notre monde vers Sheendara s’est réalisé sans aucun pro­blème.

Enfin ! Nous y sommes arrivés !

Il aura fallu trente et un échecs pour aboutir à cette victoire !

Nota bene : Afin que mes notes soient plus claires pour tous ceux qui n'appartiennent pas au Consor­tium, je tiens à faire quelques précisions : Une porte sur ce monde inexploré s’est ouverte il y a plusieurs décennies. Le professeur Matthews est celui qui peut se prévaloir de la découverte de la pierre qui marque l’entrée de ce monde parallèle. De tous les carac­tères gravés sur ce monolithe, un seul a pu être dé­crypté : SHEENDARA, et nous pensons que c’est le nom de ce monde nouveau.

Revenons à X00032.

Les capteurs ont réussi à le suivre dans le passage. Pour la première fois, aucun instrument de repérage n’a été abîmé. Nous avons bien fait de renforcer leurs protections électromagnétiques ! Ces nanoma­chines, quasiment invisibles à l’œil nu, sont de mer­veilleuses caméras volantes qui peuvent suivre un sujet durant une centaine de jours selon leur pro­grammation. Elles perçoivent et transmettre les fré­quences cardiaques. Il faut savoir que chaque per­sonne envoyée sur Sheen­dara a subi une batterie de tests médicaux et nous avons enregistré toutes ces informations. Les capteurs se servent de ces don­nées pour reconnaître la per­sonne qu’ils surveillent.

X00032 semble reprendre conscience doucement. Ses signes vitaux sont excellents.

X00032 a été choisi parmi quarante-sept prisonniers, tous condamnés à la peine capitale.

Il mesure un mètre quatre-vingt-dix et pèse quatre-vingt-dix-huit kilos.

C’est un ancien combattant de l’Élypse, entraîné aux arts martiaux ancestraux.

Il est réputé pour avoir un mental d’acier.

Il a été condamné pour rébellion à l’ Élypse lors de la crise de 71.

Les questions qui se posent sont les suivantes : arri­vera-t-il à survivre dans ce monde inconnu et inexplo­ré ? Saura-t-il affronter tous les dangers présents et à venir ? Aura-t-il conservé toutes ses facultés, tant mentales que physiques, suite à ce voyage ?

Il ne pourra compter que sur lui-même.

Aucun de nous n’est habilité à l’aider.

Le Consortium Scientifique que je préside est compo­sé de cinq savants. Il a pour seul objectif d’observer la possibilité de survie d’un humain en terrain hostile et inconnu.

Les capteurs le situent au milieu d’une végétation dense et ne décèlent aucune vie humaine à proximi­té.

X00032 se déplace.

Toujours aucun signe de vie dans les parages.

Seules quelques interférences font clignoter nos ra­dars.

Sûrement les résidus du champ électromagnétique du passage.

 

***

 

Encore un !

Autour du corps allongé de l’homme nu, la forêt sem­blait danser. Mais ce n’était pas des arbres : de longues formes brunes s’agitaient autour de lui, le frô­lant de leurs branchages afin de tenter de le ré­veiller.

Il est presque semblable à l’autre !

L’homme ouvrit les yeux… et les referma aussitôt, sur­pris par l’apparence des êtres qui l’entouraient.

Ne crains rien !

Quelle était cette voix qui résonnait dans sa tête ? Craintif mais curieux, l’homme ouvrit doucement les paupières. L’azur de son regard accrocha l’ébène de celui de la créature la plus proche. Constatant que ces êtres n’avaient pas l’air hostile, il se redressa douce­ment sur son séant et les détailla avec plus d’aplomb.

C’était des femmes… enfin, ces créatures avaient l’ap­parence de grandes femmes avec leur très haute sta­ture (elles étaient beaucoup plus grandes que lui) et leur corps mince et élancé. Tout comme les hu­mains, elles possédaient deux jambes et deux bras, et leur vi­sage était fin. Elles avaient toutes de grands yeux noirs qui s’étiraient en amande vers leur front, qu’elles avaient haut et dégagé. Leur peau ressem­blait à de l’écorce. Elles avaient toutes une longue chevelure faite de feuilles multicolores.

Il étendit la main afin de frôler le bras de l’une d’entre elles, mais celle-ci se déroba. Peut-être avait-elle aus­si peur que lui en cet instant ?

Soudain, quelque chose bougea le long du torse de l’une des créatures. L’homme se raidit d’appréhen­sion quand il vit une sorte de longue liane, naissant à la base du cou, qui ondulait autour de chacune d’elles.

Quel est ton nom ?

Encore cette voix dans sa tête. L’homme regarda tour à tour les créatures. Elles essayaient de commu­niquer avec lui. Il voulut leur répondre mais sa mé­moire lui fit défaut. Comment s’appelait-il ?

Je ne sais plus, avoua-t-il dans un souffle… je ne me rappelle plus. Je ne sais pas qui je suis, ni com-

­ment je suis arrivé ici. Je me suis juste réveillé au mi­lieu de nulle part, dans un endroit que je ne recon­nais pas…

L’homme s’interrompit. Il parlait tout seul à voix haute devant ces êtres qui n’avaient rien d’humain et qui le regardaient comme une découverte extraordinaire. Il devenait fou. Elles ne pouvaient pas le comprendre. Et cette voix qu’il entendait dans sa tête, était-ce tout simplement son imagination qui lui jouait des tours ?

Nous t’appellerons Kelm, dit la voix dans sa tête. Cela veut dire « Inconnu » dans le langage de notre peuple, les Femmes-Liane. Et non, tu n’es pas fou. Je comprends ton langage mais je n’ai pas de cordes vo­cales pour te répondre. Alors j’utilise la pensée.

La créature qui lui parlait ainsi s’était installée dans son champ de vision et son regard noir plongea dans le sien comme si elle voulait lui communiquer ce qu’elle ressentait.

Va pour Kelm, maugréa l’homme, de toute façon, je ne me rappelle rien. Alors un nom en vaut un autre. Et vous, quel est votre nom, ajouta-t-il en fixant son in­terlocutrice.

Kaya, répondit-elle, je suis la sita, c’est à dire, celle qui dirige le clan des Femmes-Liane. Je suis la seule à pouvoir communiquer avec toi car mes sœurs ne pos­sèdent pas le langage humain.

 

Pour connaître la suite des aventures de Kelm, ouvrez le premier tome de la trilogie Sheendara, la légende de la Pierre Sacrée et laissez vous guider sur cette terre inconnue peuplée d'êtres différents. 

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Extrait des aventures de la fée Paillette

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extrait des aventures de la fée Paillette

PAILLETTE ET PITOR LE GRIZZLI

 

Un peu de rose… un peu de bleu

Et tout sera plus merveilleux…

Un peu de jaune… un peu de vert

Et plus rien ne sera un mystère…

À qui pouvait appartenir cette si belle voix grave et veloutée qui était venue s’égarer dans les branchages endormis ? Qui chanton­nait ainsi dans cette partie de la Forêt Enchan­tée ?

Paillette voletait tranquillement entre les fleurs à peine écloses sous la douceur des rayons matinaux de l’Astre-jour. Paillette aimait ce moment de la journée, où les plantes et les gens s’éveillaient doucement (enfin… quand elle ne faisait pas la grasse matinée, elle aussi !)

Ce matin, il y avait cours de potions avec Ma­dame Courbouillon. Paillette avait horreur de ces leçons où chaque mixture préparée devant la classe par le professeur sentait encore plus mauvais que la précédente. La fillette n’avait confiance qu’en ses pouvoirs magiques et en sa baguette (même si cette dernière ne lui ap­partenait pas encore).

Le seul cours où elle excellait était celui de Monsieur Boideboulo qui enseignait la magie appliquée et l’utilisation pratique de la baguette ! Ah les exercices de magie appliquée ! Paillette adorait ça !

D’ailleurs, les longs détours qu’elle faisait par des sentiers inexplorés ou inusités, c’était pour s’entraîner en toute tranquillité, loin des re­gards. Un coup de baguette par-ci… et l’herbe devenait violette ! Un autre coup de baguette par-là … et l’eau du ruisseau se changeait en marmelade !

Tout à sa joie de pratiquer les derniers exer­cices dispensés la veille par Monsieur Boide­boulo, Paillette s’était éloignée du chemin ha­bituel qu’elle empruntait pour aller à l’école. Elle fit un long détour (oh ! Bien malgré elle ! ) Et elle venait de se rendre compte qu’elle ne serait jamais à l’heure pour le cours de potions quand elle entendit la voix chanter encore :

Un point à l’endroit … un point à l’envers …

La broderie n’est pas un calvaire…

Attirée par le chant caressant, la petite fée se faufila dans les sous-bois, se laissant guider par la voix de velours.

Fronçant ses jolis sourcils roux, elle scruta les environs : n’était-ce pas la Montagne de la Pierre Forte ? Celle qui abritait la tanière de Pi­tor le Grizzli ? Craintive, Paillette hésita. Les ours des montagnes n’étaient pas réputés pour leur amabilité ! Madame Petibonomme le leur avait bien répété en cours d’Histoire des Peuples de la Forêt Enchantée : les ursidés étaient carnivores, agressifs et dangereux.

La curiosité l’emporta. Se munissant de sa ba­guette, elle se rapprocha de quelques coups d’ailes. Elle parvint rapidement à l’entrée de la demeure de Pitor.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle aper­çut sa haute stature lovée dans un rocking chair et se balançant doucement à côté d’un bon feu de bois qui crépitait dans une belle cheminée ornée de roses sculptées à même la pierre. Sur les bûches rougeoyantes doraient des pommes qui commençaient à caraméliser sous l’effet de la chaleur.

Entre ses grosses pattes, Pitor tenait un fin carré de tissu qu’il était en train de broder dé­licatement.

Décidément, Pitor était bien différent des grizzlis que Madame Petibonomme avait évo­qués en cours !

Pour savoir comment se termine cette histoire, ouvrez le livre des aventures de la fée Paillette !

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Extrait du bâton de Merlin ( les enfants de Sheendara 2)

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extrait du bâton de Merlin ( les enfants de Sheendara 2)

Ils arrivèrent dans le village du Père Noël sous une pluie floconneuse. Tourbillonnant gracieusement sur le toit de jolies maisonnettes, la neige donnait un air fée­rique à la plus charmante cité que les voyageurs eussent jamais traversée.

Regroupées autour d’un haut sapin décoré de boules et de guirlandes, une vingtaine de chaumines for­maient un cercle parfait. Elles avaient toutes des vo­lets et des portes peints en rouge. Des fleurs de froid poussaient sur le pas de leur porte. Les corolles blanches et or des plantes jaillissaient ça et là du sol glacé pour ravir le regard des passants.

Toutes les fenêtres étaient illuminées, ainsi que les ruelles qui serpentaient autour des maisons. Des lam­padaires éclairaient les rues pavées et des bancs étaient disséminés, ici ou là. Une douce et joyeuse musique s’égrenait dans l’atmosphère et une bonne odeur de vin chaud et de pain d’épices chatouilla les narines des deux garçons qui en salivèrent d’avance.

Leur hôte gara son traîneau le long d’une chaumière imposante qui se trouvait un peu à l’écart du village.

C’est à cette heure-ci que tu rentres, chenapan ! s’exclama une voix mélodieuse en riant.

Une petite bonne femme rondelette aux joues, aussi rondes que celles de Noël et aux yeux malicieux, se tenait sur le seuil de la maison, les mains sur ses hanches grassouillettes. Quand il arriva à sa hauteur, elle le serra vivement dans ses bras et lui plaqua un bon gros baiser sur les lèvres. Elle avait les cheveux roux et des taches de son sur son petit nez retroussé. Hank la trouva fort avenante pour une femme qui ne devait pas être loin de la vieillesse. Vêtue d’une robe rouge et d’un tablier blanc, elle portait de délicates bottines de vair aussi immaculées que les flocons qui voltigeaient autour de son visage en accrochant follement des gouttes glacées dans ses boucles de flammes.

Je vous présente mon épouse, dit le Père Noël avec un sourire satisfait. Je t’ai ramené des invités pour le repas de ce soir, ajouta-t-il à l’intention de la petite femme, ils ont hâte de découvrir tes talents culi­naires !

Mes hommages, Madame Noël, murmura galam­ment le forban en s’inclinant pour déposer un chaste baiser sur la petite main potelée de son hôtesse. Votre mari avait omis de préciser combien votre tournure était un régal pour les yeux !

Rosissant de plaisir sous le compliment, elle les invita à entrer dans son humble demeure afin de déguster quelques gâteaux qu’elle venait de sortir du four.

Je voudrais leur faire visiter les ateliers avant le dî­ner, précisa le Père Noël. Buvons le verre de l’amitié et de la chaleur du foyer retrouvé avant d’aller rendre visite à mes lutins !

Les voyageurs entrèrent dans une grande salle où trô­nait une immense cheminée. Un feu aux flammes vives brûlait dans l’âtre. Le crépitement du bois et la douce fragrance sylvestre qu’il dégageait donnaient à la pièce une ambiance de bien-être. La salle de séjour était à l’image même de ses occupants : chaleureuse et agréable. De gros fauteuils rembourrés se serraient sur un côté de la cheminée alors qu’une longue table, entourée de bancs et de tabourets, occupait l’autre partie de la pièce. Un épais et moelleux tapis était étalé devant la cheminée, in­vite suprême à s’allonger pour dormir à la chaleur du feu qui grésillait.

La Mère Noël leur servit du chocolat chaud dans des timbales dorées et des petits gâteaux en forme de bonhomme qui sentait bon les épices. Se délectant des saveurs inconnues, Alana dégusta doucement la petite pâtisserie en sirotant l’épais breuvage. Affamés, les garçons dévorèrent le plateau entier de friandises et burent trois tasses de chocolat chaud chacun. L’adolescence les affamait constamment et ils res­taient aussi maigres que des animaux faméliques !

Prévoyante, leur hôtesse rapporta une deuxième tour­née de pains d’épices en prenant soin de servir en premier Hank et son mari qui n’avaient pas eu le temps d’en avaler un seul à cause de la gloutonnerie des deux frères. Titan et Bisbi n’avaient pas été ou­bliés par la femme du Père Noël et eurent leur ration de gourmandises. Repus, les visiteurs se seraient bien assoupis devant l’agréable chaleur que dégageait l’âtre, mais le gros homme avait des amis à leur pré­senter !

Allons, mes enfants, les pressa-t-il gentiment. Lais­sons ma tendre moitié préparer le dîner pendant que je vous fais visiter mes ateliers. Chaque lutin ou elfe nain qui vit dans ce village a une tâche bien précise chaque nuit. En ce moment, ils préparent la tournée que je dois effectuer demain dans la soirée. Le monde où je vais distribuer les jouets s’appelle la Terre.

Quel drôle de nom pour un monde, bougonna Titan qui traînait la patte. Pourquoi donner le nom du sol ou de l’humus qui le compose ? Ce n’est pas un nom, ça ! Terre ! Et pourquoi pas Air ? Ou Eau ? Ou Arbre ? Ou…

La Terre est un monde peuplé d’humains, précisa le Père Noël en coupant la parole au simpalagron qui continua de délirer avec Bisbi sur les possibles noms idiots que les habitants de ce monde auraient pu lui donner. Les hommes vivent dans une paix relative, tout au moins tant qu’un conflit n’éclate pas entre deux factions pour un morceau de terrain.

Les Dieux peuvent-ils agir dans ce monde-là ? l’in­terrogea Alana.

Probablement, admit le gros homme vêtu de rouge, mais je crains que les Farlanes infiltrent régulièrement l’esprit de certains dirigeants pour déclencher des guerres ou des querelles politiques ! Les hommes ne sont pas toujours à l’écoute des Dieux. Il faut égale­ment souligner qu’ils ont des croyances tellement di­verses qu’ils ne s’adressent pas aux divinités d’une seule voix. Ils n’ont jamais pu admettre que les Dieux étaient universels. Bien qu’on les appelle d’une ma­nière ou d’une autre, ce sont toujours les mêmes. Mais les fils de Dame Nature sont assez intelligents pour répondre à toutes les dénominations dont on peut les affubler !

Tout en devisant, ils arrivèrent devant une jolie cabane de bardeaux peinte en rouge et vert. Le Père Noël toqua une seule fois sur le battant de la porte et l’ou­vrit en habitué des lieux. Une créature plus petite que le plus minuscule des nains d’Eldora était occupée à fabriquer un œuf énorme où dormait une petite bes­tiole qui semblait vivante. Habillé entièrement de vert, le lutin avait un nez et des oreilles pointues. Son sou­rire était franc et amical. Il salua chaleureusement les visiteurs en secouant gracieusement sa tête recou­verte d’un bonnet muni de grelots qui tintèrent.

Voici Finn, dit le Père Noël, il est si habile de ses mains pour réaliser un animal qui n’en est pas vrai­ment un que je lui ai confié ce travail. Chaque ouvrier s’occupe de plusieurs demandes…

Quelles demandes ? le questionna Alana qui écou­tait d’un air intéressé les explications de son hôte d’un soir.

Tous les enfants de tous les mondes m’écrivent pour me dire ce qu’ils souhaitent comme présents, dé­veloppa celui-ci. Par exemple, en ce qui concerne Finn, il doit traiter la lettre de Baptiste, un jeune gar­çonnet de huit ans qui aimerait recevoir un œuf de di­nosaure grandeur nature. Comme cet enfant a une jauge d’obéissance et de gentillesse supérieure à la moyenne, son cadeau sera encore plus beau que ce qu’il a demandé. L’œuf contiendra un bébé dinosaure qui sortira de la coquille quelques heures après avoir été livré. Baptiste pourra ainsi jouer avec un faux di­nosaure animé par un procédé magique que je ne peux vous expliquer.

C’est quoi un disaunore ? l’interrogea Titan en écor­chant involontairement le mot qu’il ne connaissait pas.

C’est un animal qui existait sur Terre il y a des mil­liers d’années terrestres, lui répondit patiemment le Père Noël. Ils ont tous disparu mais les enfants ter­riens ont toujours une grande fascination pour ces grosses bêtes. J’ai reçu des dizaines de milliers de de­mandes pour les dinosaures et toutes les bestioles qui vivaient à la même époque !

Un grand fracas vint interrompre les explications. Ar­més de sabres-laser, les deux frères s’étaient lancés dans un combat qui n’avait rien de fraternel. Leurs hormones devaient littéralement bouillir pour qu’ils se comportent ainsi. Le simili laser rouge rencontra le bleu dans un bruit extraordinaire qui se répercuta dans tout l’atelier.

Appuyant par mégarde sur un bouton situé sur le manche de son sabre-laser, Merlin entendit une voix venir de l’arme : « Luke, je suis ton Père ! ». Terrifié par cette magie inconnue, il lâcha le jouet qui s’écrasa sur le sol en plusieurs morceaux. Timmin éclata de rire mais il s’étrangla presque en entendant son arme dire d’une voix caverneuse «La Force est avec toi ! » et son jouet vint également se briser à ses pieds.

Perplexes, les adolescents touchèrent les restes fra­cassés du bout des doigts. Furieux, Hank s’apprêtait à les traiter de tous les noms d’oiseaux

qu’il connaissait mais il fut pris de vitesse par le lutin en colère. Grimpant sur des échasses de bois sculpté pour se mettre à la hauteur des garçons, Finn se saisit des deux frères par les oreilles en les houspillant de sa petite voix fluette. Ils venaient de réduire à néant tout le travail de sa nuit !

Vexé, Finn demanda au Père Noël de lui laisser les deux adolescents pour qu’ils l’aident à réparer les dé­gâts qu’ils avaient commis. Hank approuva. Aucune punition ne serait mieux que de mettre la main à la pâte pour rafistoler les dommages qu’ils avaient cau­sés par leur inconscience.

Je te les laisse jusqu’à l’heure du repas, grogna le Père Noël. Nous allons continuer la visite sans eux. Ce sera moins dangereux pour les autres ateliers !

 

Lara Lee Lou Ka - le bâton de Merlin (tome 2 des Enfants de Sheendara pages 66 à 72) avec les dessins du Monde de Lam. 

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