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Extrait de la sylvestrine de Timmin, 3e et dernier tome des enfants de Sheendara ( paru le 07/06/2020)

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extrait de la sylvestrine de Timmin, 3e et dernier tome des enfants de Sheendara ( paru le 07/06/2020)

Je vous propose de vous faire découvrir le passage du livre qui a inspiré le Monde de Lam Illustration pour la couverture...

 

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La passerelle de verdure disparut comme par enchantement dès que le dernier des voyageurs posa le pied sur ce nouveau sol mar­cheur. Intrigués par le paysage qui leur faisait face, les cinq com­pagnons s’avancèrent avec précaution.

 

On dirait les Farwfz, murmura Merlin en s’adressant à son frère.

 

Pas la même odeur, grogna ce dernier pour toute réponse.

 

Les trois autres se taisaient, car ils n’avaient pas connu la traversée des marais puants en Wandinar. Lové sur l’épaule de son maître, Noum ronronnait tranquillement. Le lieu ne devait pas être hostile pour que le mystifi restât aussi détendu.

 

Pourvu qu’il n’y ait pas de créature malfaisante comme celle qui a failli bouffer Aïkis, ajouta encore Merlin plongé dans ses souvenirs.

 

C’est étrange, marmonna Titan, d’habitude, les endroits comme celui-ci puent la crotte de troll !

 

As-tu déjà traversé des eaux putrides ? se moqua le garçon aux yeux sans âge. As-tu glissé sur un rocher où grouillait une mousse visqueuse pour te retrouver les quatre fers en l’air et le cul dans les eaux saumâtres et aux fragrances douteuses ?

 

Ben, non, avoua piteusement le simpalagron.

 

Alors comment sais-tu que ça devrait sentir la crotte de troll ? le questionna mielleusement le Grand Mage.

 

C’est ce qui se dit, grinça Titan de sa voix haut perchée.

 

Alana dessinée par le Monde de Lam Illustration ( dans la version papier des enfants de Sheendara exclusivement).

 

Campé sur ses deux jambes écartées, Hank avait posé ses poings sur ses hanches et observait les marais d’un air pensif.

 

Bien que j’ai beaucoup voyagé, dit-il, je n’ai jamais traversé de marécage. Il me semble tout de même que celui-ci est étrange car il flotte une odeur de vanille agrémentée d’un soupçon de can­nelle.

 

C’est quoi la cannelle ? demanda Titan qui ne connaissait pas cette épice inconnue sur Sheendara.

 

Moi, ça me fait penser aux galettes de bazin de ta mère, renché­rit Alana en prenant la main de Tim’inn.

 

Le rouquin la regarda tendrement. Lui aussi se remémorait les bons petits plats de Kelnyann.

 

En tout cas, ajouta Merlin, un brin espiègle, il est certain que ça ne sent pas le roussi comme dans la cuisine d’Oryann !

 

C’est une guerrière, rétorqua Alana en haussant les épaules, pas une femme au foyer !

 

Se penchant au-dessus des eaux troubles, Hank remarqua qu’elles étaient d’un bleu profond, mais que rien ne transparaissait au tra­vers. Nul ne pouvait en connaître la profondeur. Il grimaça.

 

Titan dessiné par le Monde de Lam Illustration ( dans la version papier des enfants de Sheendara exclusivement).

 

J’ai aucune envie de poser le pied là-dedans, grommela-t-il, même si ça sent plutôt bon. J’ai l’impression qu’il va nous falloir traverser cette fichue tourbière au parfum pâtissier au petit bon­heur la chance.

 

Peut-être existe-t-il un gué ? suggéra Alana en regardant autour d’elle.

 

Peine perdue. Ils se rendirent vite à l’évidence que la tonnelle de verdure les avait conduits sur une île entourée d’eau et de rochers à l’aspect étrange. Quelle direction prendre ? L’étoile de Golep était absente dans le ciel de ce territoire secret. Les Sentilles étaient un lieu si protégé que même l’astre-guide n’y pénétrait pas ! Com­ment allaient-ils trouver leur chemin ?

 

Un peu de ban’amanol pour solidifier…

Un brin de vla’spacala pour épicer…

Beaucoup de suc de mialkos pour le goût sucré…

Et la marmite de fitthuur est bonne à consommer…

 

Légère et agréablement modulée, une voix claire chantonnait une mélopée comme si elle récitait une recette de cuisine. Était-ce la fameuse Es’piqela ? Évidemment…N’était-elle pas la seule per­sonne habitant ce refuge ?

 

De la graille ! s’exclama Titan avec candeur. Moi j’y vais !

 

Sans attendre l’aval de ses amis, le simpalagron s’engagea preste­ment sur les rochers. Il réussit à faire quelques mètres avant de se retrouver dans un équilibre précaire sur un petit rocher, cherchant désespérément un nouvel appui pour continuer son épopée. Ses sa­bots patinèrent, il réussit tant bien que mal à tanguer sur la grosse pierre avant de basculer dans les eaux épaisses couleur curaçao.

 

Titan ! hurla Alana en voyant son compagnon à quatre pattes disparaître sous la surface.

 

Le simpalagron réapparut quelques instants plus tard, une algue violette entre ses deux oreilles. Visiblement assis sur son posté­rieur, il avait de l’eau jusqu’au milieu du ventre. Des gouttelettes liquoreuses roulaient sur la robe grise de son corps chevalin tandis qu’il se passait sa longue langue râpeuse sur les babines avec un air réjoui.

 

C’est trop bon, les gars ! clama-t-il à la cantonade.

 

Cesse de te lécher, intervint Hank, c’est peut être empoisonné !

 

Mais non, répliqua Merlin. Si les Sentilles sont le refuge d’une amie de Dame Nature, elle ne peut avoir distillé du poison autour de chez elle !

 

Pour sa protection, insista le forban.

 

Vu que l’entrée est inconnue des Farlanes, rétorqua le garçon, je ne vois pas à quoi ça lui servirait !

 

Regardez Noum ! s’exclama Tim’inn en désignant son compa­gnon à poil court qui se léchait la patte après l’avoir trempée dans le liquide bleuté. C’est comestible !

 

Merlin dessiné par le Monde de Lam Illustration ( dans la version papier des enfants de Sheendara exclusivement).

 

Quelle belle voix ! murmura Hank en tendant l’oreille.

 

Récolter, éplucher, couper en morceaux…

Tous les fruits à la chair succulente…

Broyer, écraser, filtrer, mettre en pots…

Voilà de la fitthuur anti-malfaisants…

 

Vous pouvez marcher dans l’eau, intervint Titan qui regardait ses amis poser délicatement leurs pieds sur les rochers à la texture de pâte à gâteau. Elle est agréablement chauffée mais pas trop et sirupeuse à souhait !

 

Comme pour illustrer ses paroles, il plongea sa langue dans les eaux saphir qui l’entouraient.

 

Il va me faire gerber, grogna Merlin sur un air dégoûté. Il lape le liquide où il se trempe les fesses !

 

Un éclat de rire général secoua les voyageurs. D’un commun ac­cord, ils décidèrent de traverser les Sentilles sans prendre davan­tage de précaution. Ils posèrent leurs pieds dans les flaques bleu­tées à l’aspect visqueux et poisseux. Ils longèrent des futaies de ré­glisse et de sucre roux. Ils enjambèrent des troncs d’arbres qui ressemblaient à de grosses madeleines moelleuses. L’air qui les entourait était si sucré et si appétissant que leurs estomacs grouillaient de faim. N’y tenant plus, Tim’inn s’offrit une branche d’un buisson qui semblait sculpté dans du sucre rose. Ce fut le dé­part d’une orgie de confiseries à laquelle même l’ancien marin se laissa prendre.

 

Mangez-en tant que vous pourrez…

Assez pour en suer, pour en transpirer…

Et jamais les monstres de Crisxal…

Ne vous feront le moindre mal…

Venez chercher de la fitthuur…

La plus efficace de toutes les armures…

 

Combien de temps passèrent-ils dans cet endroit où la gourman­dise le disputait à la gloutonnerie ? Attirés par la voix qui continuait de chantonner, ils avançaient malgré eux à travers ce paradis sucré. Lorsqu’ils atteignirent les berges fermes qui sen­taient le pain d’épice, ils découvrirent une elfe aux longs cheveux blancs qui les regardait en souriant. Elle semblait sans âge car au­cune ride ne venait abîmer son beau visage lisse. Ses yeux en amande étaient aussi noirs que la nuit et sa silhouette aussi longi­ligne qu’une jeune fille. À ses côtés, des braises rougeoyaient dans un cercle de pierre sur lequel était posée une énorme marmite. Es’piqela, car c’était bien elle comme elle le leur confirma, s’em­para de la cuillère en bois qui trônait sur les bords du faitout et mélangea son contenu odorant.

 

Touille…mouille…grouille…

Mijotons…mijotons…

Et la mixture deviendra potion…

 

On peut goûter ? s’enquit innocemment le simpalagron en reni­flant ostensiblement le délicat fumet que dégageait la marmite.

 

Titan ! s’exclama Hank avec colère.

 

Ben quoi, répondit ce dernier piteusement, j’ai encore faim, moi !

 

Les sucreries, c’est pas nourrissant, renchérit Merlin en tapant ses pieds contre un arbre pour ôter la boue rose qui était collée dessus.

 

Je suis également affamé, renchérit Tim’inn. Un peu de pain, de viande ou de fruit serait bienvenu dans mon estomac !

 

Des fruits et des légumes également, appuya Alana avec un grand sourire charmeur qu’elle adressa à l’elfe.

 

D’un geste de la main, Es’piqela fit apparaître une couverture sur laquelle étaient disposés tous les plats que souhaitaient manger ses in­vités. Un cuissot de viande rôtie trônait au milieu d’un grand plat, des légumes violets et orange formaient une pyramide sur un autre tandis que des fruits juteux de plusieurs coloris s’entassaient dans un saladier. Des gâteaux et tartes diverses complétaient le re­pas offert de bon cœur par l’amie de Dame Nature.

 

La sylvestrine de Timmin par Lara Lee Lou Ka, 3e tome des enfants de Sheendara, publié en kindle sur Amazon depuis le 7 juin 2020. La version papier est à venir.

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Extrait du bâton de Merlin, 2e opus des enfants de Sheendara

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extrait du bâton de Merlin, 2e opus des enfants de Sheendara
Extrait du bâton de Merlin, 2e opus des enfants de Sheendara
Extrait du bâton de Merlin, 2e opus des enfants de Sheendara
Extrait du bâton de Merlin, 2e opus des enfants de Sheendara
Extrait du bâton de Merlin, 2e opus des enfants de Sheendara

Ils arrivèrent dans le village du Père Noël sous une pluie floconneuse. Tourbillonnant gracieusement sur le toit de jolies maisonnettes, la neige donnait un air féerique à la plus charmante cité que les voyageurs eussent jamais traversée. Regroupées autour d’un haut sapin décoré de boules et de guirlandes, une vingtaine de chaumines formaient un cercle parfait. Elles avaient toutes des volets et des portes peints en rouge et des fleurs de froid poussaient sur le pas de leur porte. Les corolles blanches et or des plantes jaillissaient ça et là du sol glacé pour ravir le regard des passants.

Toutes les fenêtres étaient illuminées, ainsi que les ruelles qui serpentaient autour des maisons. Des lampadaires éclairaient les rues pavées et des bancs étaient disséminés, ici ou là. Une douce et joyeuse musique s’égrenait dans l’atmosphère et une bonne odeur de vin chaud et de pain d’épices chatouilla les narines des deux garçons qui en salivèrent d’avance. Leur hôte gara son traîneau le long d’une chaumière imposante qui se trouvait un peu à l’écart du village.

C’est à cette heure-ci que tu rentres, chenapan ! s’exclama une voix mélodieuse en riant.

Illustration de couverture :Le Monde de Lam Illustration


Une petite bonne femme rondelette aux joues aussi rondes que celles de Noël et aux yeux malicieux se tenait sur le seuil de la maison, les mains sur ses hanches grassouillettes. Quand il arriva à sa hauteur, elle le serra vivement dans ses bras et lui plaqua un bon gros baiser sur les lèvres. Elle avait les cheveux roux et des taches de son sur son petit nez retroussé. Hank la trouva fort avenante pour une femme qui ne devait pas être loin de la vieillesse. Vêtue d’une robe rouge et d’un tablier blanc, elle portait de délicates bottines de vair aussi immaculées que les flocons qui voltigeaient autour de son visage en accrochant follement des gouttes glacées dans ses boucles de flammes.

Je vous présente mon épouse, dit le Père Noël avec un sourire satisfait. Je t’ai ramené des invités pour le repas de ce soir, ajouta-t-il à l’intention de la petite femme, ils ont hâte de découvrir tes talents culinaires !

Mes hommages, Madame Noël, murmura galamment le forban en s’inclinant pour déposer un chaste baiser sur la petite main potelée de son hôtesse. Votre mari avait omis de préciser combien votre tournure était un régal pour les yeux !

Rosissant de plaisir sous le compliment, elle les invita à entrer dans son humble demeure afin de déguster quelques gâteaux qu’elle venait de sortir du four.

Je voudrais leur faire visiter les ateliers avant le dîner, précisa le Père Noël. Buvons le verre de l’amitié et de la chaleur du foyer retrouvé avant d’aller rendre visite à mes lutins !

Les voyageurs entrèrent dans une grande salle où trônait une immense cheminée. Un feu aux flammes vives brûlait dans l’âtre. Le crépitement du bois et la douce fragrance sylvestre qu’il dégageait donnaient à la pièce une ambiance de bien-être. La salle de séjour était à l’image même de ses occupants : chaleureuse et agréable. De gros fauteuils rembourrés se serraient sur un côté de la cheminée alors qu’une longue table, entourée de bancs et de tabourets, occupait l’autre partie de la pièce. Un épais et moelleux tapis était étalé devant la cheminée, invite suprême à s’allonger pour dormir à la chaleur du feu qui grésillait.

La Mère Noël leur servit du chocolat chaud dans des timbales dorées et des petits gâteaux en forme de bonhomme qui sentait bon les épices. Se délectant des saveurs inconnues, Alana dégusta doucement la petite pâtisserie en sirotant l’épais breuvage. Affamés, les garçons dévorèrent le plateau entier de friandises et burent trois tasses de chocolat chaud chacun. L’adolescence les affamait constamment et ils restaient aussi maigres que des animaux faméliques !

Prévoyante, leur hôtesse rapporta une deuxième tournée de pains d’épices en prenant soin de servir en premier Hank et son mari qui n’avaient pas eu le temps d’en avaler un seul à cause de la gloutonnerie des deux frères. Titan et Bisbi n’avaient pas été oubliés par la femme du Père Noël et eurent leur ration de gourmandises. Repus, les visiteurs se seraient bien assoupis devant l’agréable chaleur que dégageait l’âtre, mais le gros homme avait des amis à leur présenter !

Allons, mes enfants, les pressa-t-il gentiment. Laissons ma tendre moitié préparer le dîner pendant que je vous fais visiter mes ateliers. Chaque lutin ou elfe nain qui vit dans ce village a une tâche bien précise chaque nuit. En ce moment, ils préparent la tournée que je dois effectuer demain dans la soirée. Le monde où je vais distribuer les jouets s’appelle Terre.

Quel drôle de nom pour un monde, bougonna Titan qui traînait la patte. Pourquoi donner le nom du sol ou de l’humus qui le compose ? Ce n’est pas un nom, ça ! Terre ! Et pourquoi pas Air ? Ou Eau ? Ou Arbre ? Ou…

 

Titan : illustration en noir et blanc par Le Monde de Lam Illustration

(dans la version papier exclusivement)


 

La Terre est un monde peuplé d’humains, précisa le Père Noël en coupant la parole au simpalagron qui continua de délirer avec Bisbi sur les possibles noms idiots que les habitants de ce monde auraient pu lui donner. Les hommes vivent dans une paix relative, tout au moins tant qu’un conflit n’éclate pas entre deux factions pour un morceau de terrain.

Les Dieux peuvent-ils agir dans ce monde-là ? l’interrogea Alana.

Probablement, admit le gros homme vêtu de rouge, mais je crains que les Farlanes infiltrent régulièrement l’esprit de certains dirigeants pour déclencher des guerres ou des querelles politiques ! Les hommes ne sont pas toujours à l’écoute des Dieux. Il faut également souligner qu’ils ont des croyances tellement diverses qu’ils ne s’adressent pas aux divinités d’une seule voix. Ils n’ont jamais pu admettre que les Dieux étaient universels. Bien qu’on les appelle d’une manière ou d’une autre, ce sont toujours les mêmes. Mais les fils de Dame Nature sont assez intelligents pour répondre à toutes les dénominations dont on peut les affubler !

Alana : illustration en noir et blanc par Le Monde de Lam Illustration (dans la version papier exclusivement)

 

Tout en devisant, ils arrivèrent devant une jolie cabane de bardeaux peinte en rouge et vert. Le Père Noël toqua une seule fois sur le battant de la porte et l’ouvrit en habitué des lieux. Une créature plus petite que le plus minuscule des nains d’Eldora était occupée à fabriquer un œuf énorme où dormait une petite bestiole qui semblait vivante. Habillé entièrement de vert, le lutin avait un nez et des oreilles pointues. Son sourire était franc et amical. Il salua chaleureusement les visiteurs en secouant gracieusement sa tête recouverte d’un bonnet muni de grelots qui tintèrent.

Voici Finn, dit le Père Noël, il est si habile de ses mains pour réaliser un animal qui n’en est pas vraiment un que je lui ai confié ce travail. Chaque ouvrier s’occupe de plusieurs demandes…

Quelles demandes ? le questionna Alana qui écoutait d’un air intéressé les explications de son hôte d’un soir.

Tous les enfants de tous les mondes m’écrivent pour me dire ce qu’ils souhaitent comme présents, développa celui-ci. Par exemple, en ce qui concerne Finn, il doit traiter la lettre de Baptiste, un jeune garçonnet de huit ans qui aimerait recevoir un œuf de dinosaure grandeur nature. Comme cet enfant a une jauge d’obéissance et de gentillesse supérieure à la moyenne, son cadeau sera encore plus beau que ce qu’il a demandé. L’œuf contiendra un bébé dinosaure qui sortira de la coquille quelques heures après avoir été livré. Baptiste pourra ainsi jouer avec un faux dinosaure animé par un procédé magique que je ne peux vous expliquer.

C’est quoi un disaunore ? l’interrogea Titan en écorchant involontairement le mot qu’il ne connaissait pas.

C’est un animal qui existait sur Terre il y a des milliers d’années terrestres, lui répondit patiemment le Père Noël. Ils ont tous disparu mais les enfants terriens ont toujours une grande fascination pour ces grosses bêtes. J’ai reçu des dizaines de milliers de demandes pour les dinosaures et toutes les bestioles qui vivaient à la même époque !

Timmin : illustration en noir et blanc par Le Monde de Lam Illustration

(dans la version papier exclusivement)


 

Un grand fracas vint interrompre les explications. Armés de sabres-laser, les deux frères s’étaient lancés dans un combat qui n’avait rien de fraternel. Leurs hormones devaient littéralement bouillir pour qu’ils se comportent ainsi. Le simili laser rouge rencontra le bleu dans un bruit extraordinaire qui se répercuta dans tout l’atelier.

Appuyant par mégarde sur un bouton situé sur le manche de son sabre-laser, Merlin entendit une voix venir de l’arme : « Luke, je suis ton Père ! ». Terrifié par cette magie inconnue, il lâcha le jouet qui s’écrasa sur le sol en plusieurs morceaux. Timmin éclata de rire mais il s’étrangla presque en entendant son arme dire d’une voix caverneuse «La Force est avec toi ! » et son jouet vint également se briser à ses pieds.

Merlin : illustration en noir et blanc par Le Monde de Lam Illustration

(dans la version papier exclusivement)

Perplexes, les adolescents touchèrent les restes fracassés du bout des doigts. Furieux, Hank s’apprêtait à les traiter de tous les noms d’oiseaux qu’il connaissait mais il fut pris de vitesse par le lutin en colère. Grimpant sur des échasses de bois sculpté pour se mettre à la hauteur des garçons, Finn se saisit des deux frères par les oreilles en les houspillant de sa petite voix fluette. Ils venaient de réduire à néant tout le travail de sa nuit !

Vexé, Finn demanda au Père Noël de lui laisser les deux adolescents pour qu’ils l’aident à réparer les dégâts qu’ils avaient commis. Hank approuva. Aucune punition ne serait mieux que de mettre la main à la pâte pour rafistoler les dommages qu’ils avaient causés par leur inconscience.

Je te les laisse jusqu’à l’heure du repas, grogna le Père Noël. Nous allons continuer la visite sans eux. Ce sera moins dangereux pour les autres ateliers !

 

Extrait du bâton de Merlin de Lara Lee Lou Ka

le kindle est disponible sur Amazon et prochainement le livre papier aussi.

 

 

 

 

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extrait de mon dernier livre : une nouvelle entière de mon recueil paru le 11 mai dernier

Publié le par Lara Lee Lou Ka

extrait de mon dernier livre : une nouvelle entière de mon recueil paru le 11 mai dernier

Voici une des 31 nouvelles de ce recueil :

 

Au fond du jardin

 

Encore ce grincement...Elysha se leva d’un bond de son lit. Toute envie de dormir avait disparu. Un énorme craquement suivi d’un autre bruit tout aussi sinistre déchira le silence de la nuit. Des lumières vives jaillirent brusquement aveuglant la jeune femme qui était en train de nouer ses longs cheveux bruns avec un élastique trouvé sur sa table de chevet. Elysha sentait la colère lui monter au nez. Depuis qu’elle avait rompu avec Rick, son petit ami, des choses étranges arrivaient en pleine nuit. Elle soupçonnait son ex d’être à l’origine du canular. Pour se venger d’avoir été largué, cet idiot était capable des pires bêtises comme des plus romantiques. Entre lui crever les pneus de sa voiture et repeindre en bleu tous ses nains de jardin, il lui déposait également une gerbe de lys, ses fleurs préférées, chaque nuit depuis leur séparation.

L’effroyable grincement recommença. Elysha serra les poings. Heureusement que ses plus proches voisins étaient assez loin pour ne pas entendre ce capharnaüm ! Les lumières vives disparurent aussi rapidement qu’elles étaient apparues et le silence retomba sur ce coin de campagne. Frissonnant, la jeune femme enfila un déshabillé de satin vert qui soulignait tant le jade de ses yeux que sa silhouette aux longues jambes parfaites. Elle sortit de la maison et s’installa sur le perron. La nuit était douce et l’absence de la lune faisait régner une pénombre épaisse. Elysha but une infusion de valériane, confortablement installée sur la balancelle que lui avait offerte son père pour son dernier anniversaire. Les yeux papillotants de sommeil, elle retourna se coucher en espérant que les bizarreries de la nuit étaient terminées.

Au petit matin, la jeune femme découvrit avec colère que son magnifique potager, qu’elle entretenait avec amour, avait été saccagé. Tous les légumes avaient été arrachés de terre. Mais le plus étonnant, elle le découvrit en s’approchant du lieu du délit : un gros trou avait été creusé en plein milieu de son potager. Le côté étrange de la chose était qu’il n’y avait aucun monticule de terre à côté de l’excavation, comme si l’indélicat farceur avait poussé la plaisanterie jusqu’à remporter la terre avec lui.

« Rick a dû embobiner ses potes pour qu’ils lui prêtent main-forte dans sa vengeance » songea la jeune femme en soupirant. Se saisissant d’une pelle et d’une brouette, elle passa plusieurs heures à reboucher la cavité. Elle y versa tout le sable et le gravier qu’elle avait fait livrer peu de temps auparavant pour réaliser une belle allée. Elle trouva étrange que ce trou, peu profond en apparence, engloutisse tout ce qu’elle projetait à l’intérieur. Elle termina le travail par quelques centimètres de terre grasse afin de pouvoir faire à nouveau pousser des légumes à cet endroit.

A la fin de la journée, fourbue d’avoir pelleté et charrié autant de terre et de cailloux, la jeune femme fulminait contre son ex. Il allait lui payer cette forfanterie !

Harassée par le terrassement imprévu, Elysha se coucha tôt et s’endormit rapidement malgré son corps endolori.

Il était deux heures du matin quand la jeune femme fut réveillée en sursaut par le même grincement que la nuit précédente. Sur le coup, elle pensa avoir rêvé, influencée par sa journée difficile de la veille. Mais le bruit reprit avec plus de force. Quand les lumières vives éblouirent le jardin de mille feux, passant même à travers les rideaux occultant de la chambre de la jeune femme, celle-ci sut qu’elle ne rêvait pas. Elle se leva calmement. Pas question que cet idiot réussisse à lui faire peur avec ses blagues de collégien. Soulevant les lourds pans de tissus sombres, elle jeta un coup d’œil par la fenêtre et, malgré les lumières éblouissantes, elle crut voir que son beau jardin était devenu aussi aride qu’un sol lunaire avec de multiples cratères ici et là. La jeune femme se morigéna «  reste calme, ma fille, se dit-elle, ce n’est rien qu’une blague. Ton jardin n’est pas devenu un désert lunaire et tu ne vois pas de cosmonaute passer devant ta fenêtre... »

Un cosmonaute ?

Interloquée plus qu’apeurée, Elysha se rua au-dehors. A peine eut-elle franchi le seuil de la porte d’entrée que les lumières vives disparurent et la pénombre envahit à nouveau le terrain. Allumant la lanterne du porche, la jeune femme maugréa car la nuit était trop noire pour voir quoi que ce soit.

Mais aux petites lueurs du matin, elle trépigna de rage : au fond de son jardin, le trou était à nouveau béant, encore plus large et plus profond que la veille. Elle envoya un SMS à son ex qui, surpris du langage vulgaire employée par la jeune femme, lui téléphona dans l’instant.

Elysha, gémit-il, je te jure sur ce que j’ai de plus cher que je n’y suis pour rien !

Excédée, cette dernière lui raccrocha au nez sans dire un seul mot.

De nouveau, elle combla le trou avec tout ce qu’elle put trouver aux alentours : pierres, glaise, terre, sable...

Le manège durait depuis une semaine. Chaque nuit, des bruits étranges accompagnés d’une vive lumière réveillaient Elysha. Chaque matin elle découvrait un trou encore plus grand au fond de son jardin.

Ce soir-là, la jeune femme se coucha un sourire aux lèvres. Rick et ses potes allaient en baver pour creuser le trou, car elle avait demandé à son père d’y couler du ciment.

Mais l’étrange cavité réapparut quand même. Encore plus large et plus profonde que la précédente. Au bout de quinze jours, le trou était devenu un précipice au bord duquel la maison d’Elysha semblait prête à s’effondrer. Inquiet, le père de la jeune femme lui avait enjoint de venir vivre auprès de lui, le temps que cesse cette plaisanterie. Le shériff du comté s’en était mêlé et surveillait étroitement Rick et ses copains.

Cette nuit-là fut calme et sereine. Aucun bruit étrange ni aucune lumière vive ne vinrent réveiller la jeune femme. Elysha se leva de bonne humeur et sortit avec précipitation. Elle n’eut pas le temps de se rendre compte que le ravin avait gangrené le porche de sa maison. Elle tomba comme une masse dans ce qui avait été, au début, qu’un simple trou.

Quand le père d’Elysha arriva une heure plus tard pour déménager sa fille, il trouva la maison vide. Le précipice avait disparu et le jardin était à nouveau fleuri. Elysha seule avait disparu.


 

A cinq mille kilomètres de là, un autre trou venait de s’ouvrir au milieu d’une roseraie chez un charmant couple de retraités.


Lara Lee Lou Ka ( extrait du recueil "le goûter d'anniversaire et autres récits peu ordinaires")

texte faisant l'objet d'un dépôt : il est formellement interdit de le recopier, même partiellement sans l'autorisation de l'auteur.
 

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Extrait de l'anneau d'Alana de Lara Lee Lou Ka

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extrait de l'anneau d'Alana de Lara Lee Lou Ka

Ils avaient quitté la grotte depuis plusieurs heures. Ils marchaient dans un immense champ de fleurs qui ne semblait pas avoir de fin. Des herbes folles leur chatouillaient les chevilles et les sabots. D’un commun accord, les bagages avaient été disposés sur le dos des simpalidis et de Titan. Alana et les deux garçons avaient entamé cette aventure comme une simple randonnée pédestre. Ne sachant pas quelle direction prendre, ils erraient au hasard. Heureux de cette liberté toute neuve, la fillette et ses amis ne prirent pas garde au chemin qu’ils empruntaient. D’ailleurs, y-avait-il vraiment un sentier qui menait quelque part ?

 

Où que se posaient leurs yeux, ils ne voyaient que l’étendue infinie, verte et fleurie. Quelques arbustes poussaient ici et là, mais ils étaient si petits qu’ils n’apportaient qu’une ombre ridicule sur le sol. Le soleil réchauffait le vent joyeux qui soulevait les longs cheveux de l’enfant et la crinière des montures. Scrutant le ciel, Alana découvrit avec stupeur qu’il n’y avait pas un mais trois astres solaires. Ils gravitaient les uns autour des autres, mélangeant leurs couleurs, jaune, rouge et orangé. Le ciel n’était pas bleu comme l’étaient toutes les voûtes célestes. Il reflétait un mélange de rose et de bleu nacré qui était ravissant à l’œil de l’enfant. Quel était ce monde où tout semblait si merveilleux, si coloré et si fleuri ?

 

Et que dire de toutes les fragrances qui embaumaient l’atmosphère ? Même en se concentrant, la fillette n’arrivait pas à les déterminer. Il lui vint aux narines un parfum de tarte de kimkim, qui se changea aussitôt en une odeur de sapineux puis devint l’instant d’après le doux arôme de cette crème qu’elle aimait tant et que sa mère brûlait à chaque fois qu’elle essayait d’en cuisiner. Subitement, la tristesse envahit la petite fille. Ce rappel à sa mère lui serra le cœur. Pourquoi était-elle partie sans lui en parler ? Oryann allait être furieuse contre elle ! Elle n’avait jamais autant désobéi à ses parents.

 

- À quoi penses-tu, petite fée, lui demanda Timmin qui arrivait à sa hauteur.
 

- À ma mère, lui répondit-elle d’une voix enrouée par l’émotion. Je ne suis jamais partie loin de mes parents. Je crois qu’ils me manquent déjà !

-Ce n’est que pour quelques jours, tenta-t-il de la rassurer. Et puis, tu n’es pas seule !

-Je sais, murmura-t-elle.

-Regarde Merlin, lui dit-il encore en lui montrant son frère qui se roulait dans les herbes folles, il se conduit comme un grand gamin ! Mais il a raison ! Il s’amuse comme si demain ne devait pas exister ! Faisons comme lui ! Viens faire des roulades dans les fleurs et les feuilles !


Prenant la main délicate d’Alana dans sa grande main aux longs doigts fins, Timmin l’emmena courir jusqu’à perdre haleine pour finir par un concours de roulades avec son frère. Son insouciance retrouvée, la petite fille se mit à rire jusqu’aux larmes, au grand bonheur des deux garçons. Non loin d’eux, les deux simpalidis et leur cousin broutaient l’herbe odorante.
 
Ils s’arrêtèrent pour manger quelques galettes qu’ils avaient emportées. Assis à même le sol, ils grignotaient silencieusement leur maigre repas en contemplant le ciel aux couleurs changeantes.
 

-Ce champ est infini, soupira Alana. Quand va-t-on en voir le bout ?

-Jamais, si nous restons à nous lamenter, sans bouger de là, répondit philosophiquement Merlin.

-Mais quelle direction prendre ? questionna la fillette. Tout se ressemble dans ce paysage ! Allons-nous tout droit ou bien bifurquons-nous à gauche ? À moins de revenir sur nos pas…

-Tu veux déjà quitter l’aventure ? se moqua Merlin. Tu veux retourner la tête basse chez tes parents et leur expliquer pourquoi tu les as enfermés dans leur chambre avant de t’enfuir ? L’histoire de la chanson qui t’appelle les fera sûrement se tordre de rire !
 

-Tu n’es pas obligé d’être aussi méchant, le bouscula son frère. Elle est si jeune ! Il est normal qu’elle doute !

-Timmin, le défenseur des faibles et des petits ! railla l’adolescent qui lui donna un coup de bâton dans le derrière.


Rouge de colère, le rouquin le faucha d’un simple coup de pied. Inévitablement, une rixe se déclencha entre les deux frères. De force égale, ils reçurent autant de coups qu’ils en évitèrent. La hargne de Timmin s’opposait à l’attitude moqueuse de Merlin. En peu de temps, les deux garçons s’essoufflèrent et finirent assis par terre, pliés de rire. Leur complicité finissait toujours par souffler sur leurs différends. Jamais ils ne restaient fâchés. Soulagée de voir la bagarre dégénérer en fous rires, Alana cueillit une fleur et la posa sur son oreille. La corolle rosée mettait en valeur ses longs cheveux bruns et ses yeux violets.
 
Ils musardèrent tout l’après-midi dans le grand champ fleuri. Le soir tomba brutalement lorsque les trois soleils se cachèrent pour faire place à leurs compères lunaires. Par trois les lunes se montrèrent. De couleur blanche, saupoudrée de nacre et de rose pâle, les trois satellites se tenaient au garde-à-vous l’un à côté de l’autre, dans un alignement bien droit.
 
Les yeux d’Alana papillotèrent et l’enfant bailla à se décrocher la mâchoire. Toujours à l’écoute du bien-être de la fillette, Timmin déclara qu’il en avait marre de marcher. Désossant un arbuste de ses branches, Merlin fit un feu de bois, sans quémander l’aide de Titan. Le Grand Mage connaissait encore quelques sorts qu’il maîtrisait sans problème. La flammèche était minuscule entre ses doigts mais elle grandit très vite grâce au bois sec avec lequel il alimentait le petit foyer.
 

Timmin sortit la tente loutrine et Alana lui montra comment l’ouvrir. L’adolescent en avait déjà vu, il y a longtemps, lors de l’expédition contre Tanaël en Amazonia. Il écarquilla tout de même de grands yeux quand il vit le chapiteau se dresser sur ses tiges de métal et se recouvrir seul de ses peaux tannées. Ils auraient un bon abri pour dormir cette nuit mais était-ce raisonnable de ne pas monter la garde ? Ils étaient en pays inconnu et ils pouvaient à tout moment se faire agresser par des peuplades indigènes ou des animaux sauvages ! Courageux, Timmin proposa des tours de garde entre lui et son frère. Merlin grommela quelques jurons mais accepta tout de même.
 

-Allez dormir les garçons, leur dit Titan. Je veillerai sur votre sommeil. J’ai la chance de ne pas être fatigué par notre voyage. Et si je sens que mes paupières deviennent lourdes, je réveillerai mes cousines ! En cas de danger, je vous préviendrais !


Trop exténués pour discuter, les trois amis s’installèrent dans la tente loutrine avec les fourrures que Merlin avait empruntées dans la cabane de Berka. À peine leurs têtes frôlèrent-elles les douces toisons qu’ils partirent au pays des rêves.

 

Lara Lee Lou Ka

 

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EXTRAIT DE SELENA de LARA LEE LOU KA

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Le Livre et son auteur

Le Livre et son auteur

( extrait de "Séléna" de Lara Lee Lou Ka, édition 2016)

Elle ôta ses gants poisseux de sang. Sa dernière victime s’était défendue. Elle avait sorti un couteau. Séléna lui avait arraché des mains dans un tour de passe-passe puis s’était amusée à la taillader avec la lame jusqu’à ce qu’elle en meure, vidée de son sang. De l’hémoglobine avait giclé sur les vêtements de la jeune femme. D’un air dégoûté, elle contempla les taches qui ornaient son blouson et une jambe de son pantalon. Tant pis ! Elle irait tout de même au club ce soir ! Jamais elle n’avait loupé un de ses concerts. Elle n’allait pas commencer aujourd’hui.

 

Le night-club du coin de la rue avait une enseigne si lumineuse qu’elle éclairait tout un pan du quartier. Fuyant la lumière, Séléna se glissa dans les ombres qui existaient encore pour rejoindre le piano-bar qui se trouvait au fond de l’impasse. Le sax pleurait déjà. Elle était en retard.

 

- Salut, lui dit seulement le videur quand elle passa devant lui.

 

C’était une habituée et le grand costaud qui surveillait l’entrée du Jazz Club n’enquiquinait pas ceux qui venaient dépenser leur argent au bar tous les soirs. Ce qu’il ne savait pas, c’est que Séléna ne buvait pas. Elle déposait un gros billet sur le comptoir et le barman lui servait un verre d’alcool qu’elle ne touchait jamais. La maléfique tueuse ne venait que pour écouter le saxophoniste. Benjamin. Ben pour les amis. Grand, blond aux yeux bleus, il avait le regard perdu dans le vague alors qu’une mélopée mélancolique emplissait la salle.

 

Un éclat lumineux vint se refléter sur l’annulaire de sa main gauche. La garce, se dit Séléna en pensant à la petite amie de Ben,  après être tombée enceinte sans son accord, elle avait réussi à se faire épouser ! Pourquoi Zénon ne lui laissait pas le loisir de la buter, cette salope ?

 

Des larmes vinrent troubler la vue de Séléna. Elle sortit de la poche intérieure gauche de son blouson un portefeuille dans lequel elle avait glissé une photo publicitaire de Ben. Du bout des doigts, elle caressa l’image. Elle leva les yeux vers la scène et le contempla un moment alors qu’il entamait un solo poignant. C’était un morceau qu’elle ne connaissait pas mais elle était certaine d’une chose, c’était une de ses compositions.

 

L’aube commençait à poindre lorsque Séléna quitta le lieu enfumé. Benjamin avait cessé de jouer depuis peu mais il n’avait pas remarqué sa présence, occupé à ranger son matériel. D’ailleurs, se souvenait-il d’elle ? Une nuit. Elle n’avait eu droit qu’à une seule nuit dans ses bras. Une nuit et toute sa vie avait basculé. Il l’avait séduite par sa jeunesse et sa beauté. Il l’avait charmée par sa conversation passionnée. Elle se sentait si seule qu’elle n’avait pu lui refuser ce qu’il était venu chercher. Une nuit blanche. Une nuit de tendresse, de caresses et d’amour. Une nuit qui tatoua la mémoire de Séléna au fer rouge. Et quand il la quitta au petit matin, il emporta avec lui son cœur et son âme. Dès qu’il eut franchi le seuil de l’appartement de sa conquête d’une nuit, celle-ci sut que plus jamais elle n’éprouverait de sentiment.

Elle pleura toute une journée et toute une nuit. L’alcool qu’elle ingurgita ne fit qu’empirer sa douleur. Séléna avait perdu son cœur. Elle n’arrivait même pas à en vouloir à son beau saxophoniste car pour la première fois de sa vie, elle aimait d’amour au point de vouloir en mourir.

Elle habitait un quartier animé où la circulation était dense. Se faire emplafonner par un camion serait une mort simple et rapide. Elle avait fait son testament peu avant, léguant son peu de biens matériels au seul fils qu’elle n’aurait jamais, son filleul. Elle était prête. Elle voulait mourir. La douleur était trop intense.

Mais elle ne put mettre son plan à exécution.

C’est alors qu’apparut Zénon.

 

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Séléna : le livre d'Halloween que même les zombies et autres morts vivants pébliscitent !

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Séléna : le livre d'Halloween que même les zombies et autres morts vivants pébliscitent !Séléna : le livre d'Halloween que même les zombies et autres morts vivants pébliscitent !
PHOTOS DE FABRICE WENDY
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Ircevan, Le grand Maître des Monde de l'Obscur est exilé dans les abîmes infinis depuis une éternité. Son disciple Zénon a réduit deux jeunes femmes en esclavage afin qu'elles lui apportent des cadavres frais pour construire la pyramide de Korsandre, seul procédé satanique pour faire revenir Ircevan dans ce monde. Séléna et Lucie vont se rebeller contre Zénon pour retrouver leur liberté.

PS : la version 2016 bénéficie d'une magnifique préface de Monsieur Pierre Brulhet en personne !

EXTRAIT DE SELENA

CHAPITRE 1

 

 

Deux ans qu’elle traînait sa peine dans les bas quartiers de cette ville pourrie par la racaille. Deux ans qu’elle avait souffert au point de vouloir en mourir. Zénon avait perçu sa douleur et depuis, Séléna n’avait plus de cœur. Elle l’avait troqué contre une immortalité noire qui lui donnait d’immenses pouvoirs. Elle pouvait tuer d’une simple apposition des mains ou tordre sans effort le cou d’un gaillard trois fois plus costaud qu’elle.

 

Elle cracha sur le cadavre encore chaud de sa dernière victime. Qu’avait-il fait pour mériter son sort ? Séléna ne le savait pas et elle s’en moquait. Seul le plaisir de tuer l’empêchait de penser à celui qui lui avait brisé le cœur.

 

Elle se redressa du haut de son mètre soixante-dix. Vêtue de cuir noir des pieds à la tête, elle portait des bottes et un collier à clous ornait son cou gracile. Seuls ses longs cheveux roux apportaient une touche de couleur à sa silhouette filiforme.

 

Deux ans que tous les soirs avait lieu le même rituel. Elle parcourait les rues à la recherche de sa proie. Le souffle de Zénon lui indiquait les lieux où allaient se perdre les voyous et les vauriens de la ville. Dès que la chasse était ouverte, Séléna ressentait le goût du sang dans sa bouche. Ce goût amer aux accents métalliques qui ne la quittait qu’une fois son travail achevé.

 

Zénon était un démon. Il lui ordonnait de tuer pour emporter ensuite les cadavres vers les couloirs obscurs de son monde souterrain, là où croupissaient les âmes perdues. Pourquoi n’abattait-il pas lui-même ses proies ? Séléna ne le savait pas. Il lui avait seulement promis que tant qu’elle lui fournirait des morts fraîchement abattus, elle aurait ce semblant de vie et elle pourrait veiller sur le seul homme qui n’eût jamais compté pour elle.

 

Lara Lee Lou Ka

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Paillette est née ... pour fêter ce jour, voici un extrait...

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Paillette est née ... pour fêter ce jour, voici un extrait...
Paillette est née ... pour fêter ce jour, voici un extrait...
Paillette est née ... pour fêter ce jour, voici un extrait...
Paillette est née ... pour fêter ce jour, voici un extrait...

Un peu de rose… un peu de bleu

Et tout sera plus merveilleux…

Un peu de jaune… un peu de vert

Et plus rien ne sera un mystère…

 

A qui pouvait appartenir cette belle voix si grave et si veloutée qui était venue s’égarer dans les branchages endormis ? Qui chantonnait ainsi dans cette partie de la Forêt Enchantée ?

 

Paillette voletait tranquillement entre les fleurs à peine écloses sous la douceur des rayons matinaux de l’Astre-jour. Paillette aimait ce moment de la journée, où les plantes et les gens s’éveillaient doucement (enfin…quand elle ne faisait pas la grasse matinée, elle aussi !)

 

Ce matin, il y avait cours de potions avec Madame Courbouillon. Paillette avait horreur de ces leçons où chaque mixture préparée devant la classe par le professeur sentait encore plus mauvais que la précédente. La fillette n’avait confiance qu’en ses pouvoirs magiques et en sa baguette (même si cette dernière ne lui appartenait pas encore). Le seul cours où elle excellait était celui de Monsieur Boideboulo qui enseignait la magie appliquée et l’utilisation pratique de la baguette !  Ah les exercices de magie appliquée !

Paillette adorait ça !

 

D’ailleurs, les longs détours qu’elle faisait par des sentiers inexplorés ou inusités, c’était pour s’entraîner en toute tranquillité, loin des regards. Un coup de baguette par-ci… et l’herbe devenait violette ! Un autre coup de baguette par-là … et l’eau du ruisseau se changeait en marmelade !

 

Tout à sa joie de pratiquer les derniers exercices dispensés la veille par Monsieur Boideboulo, Paillette s’était éloignée du chemin habituel qu’elle empruntait pour aller à l’école. Elle fit un long détour (oh ! Bien malgré elle ! ) Et elle venait de se rendre compte qu’elle ne serait jamais à l’heure pour le cours de potions quand elle entendit la voix chanter encore :

 

Un point à l’endroit … un point à l’envers …

La broderie n’est pas un calvaire…

 

Attiré par le chant caressant, la petite fée se faufila dans les sous-bois, se laissant guider par la voix de velours.

 

 

Pour savoir la suite... ouvrez le livre des aventures de la fée Paillette !

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Extrait de sheendara, livre3 : l'oracle de Xann

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extrait de sheendara, livre3 : l'oracle de Xann

Malgré les rayons brûlants que dardait le soleil sur la grande forêt, les sous-bois baignaient encore dans une fraîcheur agréable pour les voyageurs. Ils marchaient sereinement le long des troncs lisses des arbres majestueux. Guidés par les trois sœurs, ils prenaient le temps d’observer la nature qui les entourait. Ainsi virent-ils des oiseaux qui émettaient de jolis sons pour s’appeler, des animaux sautillant de branche en branche qui enroulaient leur longue queue orangée pour se balancer au-dessus de leurs têtes, des gros vers rampants qui se faufilaient dans les herbes folles terrifiés par le bruit de leurs pas. La journée passa rapidement et de façon plaisante. Lorsque la nuit tomba, ils étaient tous éreintés par leur longue randonnée. Kelm décida de passer la nuit dans une petite clairière.

 

‑Nous ne pouvons pas dormir ici, chuchota Mattila en tremblant.

 

Kelm fronça les sourcils. Ses compagnons avaient besoin de repos et cette gamine osait contredire ses décisions ! Malgré sa mauvaise humeur due plus à la fatigue qu’à la réaction de la jeune fille, Kelm se rendit compte que celle-ci tremblait : de peur ou de fatigue ?

 

‑Pourquoi ? demanda-t-il seulement.

 

‑C’est le domaine de la fée Malodora, murmura Mattila des larmes plein les yeux. Elle est cruelle et n’aime rien tant que la chair humaine !

 

‑Tu l’as déjà vue ou ce n’est qu’une histoire racontée aux enfants pour les effrayer ? la questionna Oryann sur un ton abrupt.

 

‑Moi, je l’ai déjà observée, affirma Samsonia. Pas longtemps car son odeur est tellement épouvantable que j’en ai eu la nausée. Je me suis enfuie et j’ai vomi tout ce que je venais de manger !

 

‑Chouette ! s’exclama Criip, enfin un monstre qui pue la grosse bête ! Ça fait un bail que nous n’avons plus combattu de méchantes créatures ! Depuis Talpor, en fait ! J’ai les griffes qui me démangent et l’envie de griller quelques viandes avariées me titille la langue !

 

‑Installons tout de même notre campement, décida Kelm qui fit taire d’un geste autoritaire les lamentations des trois sœurs. Nous avons affronté plus de monstres que je ne peux en compter sur les doigts de ma main. Un combat de plus ou de moins …

 

‑Et nous libérerons ainsi la forêt d’une créature indésirable, conclut Oryann en tapotant le pommeau de son épée.

 

Les tentes furent montées en arc de cercle, entourant un feu où Kelnyann installa une grosse marmite qui ne tarda pas à bouillir. Elle y jeta des herbes diverses ainsi que des légumes inconnus dénichés par Mandion lors d’une de ses promenades solitaires et approuvés par les trois sœurs comme étant comestibles.

Un délicieux fumet vint chatouiller les narines des compagnons. Les potages de Kelnyann étaient appréciés de tous. Écuelles et cuillères en bois furent sorties à la hâte de la caisse réservée aux ustensiles de cuisine.

L’eau à la bouche, chacun attendait patiemment que sa portion lui soit servie. Quand, tout à coup, la délicieuse odeur de potage laissa la place à une infâme puanteur digne des Farwfz !

 

Une effroyable petite vieille, rabougrie et toute ridée, apparut à la lisière de la clairière. Elle était rondelette, vêtue d’une robe d’un jaune douteux sur laquelle étaient collées des feuilles pourrissantes. Ses cheveux étaient crépus, emmêlés et d’une couleur incertaine oscillant entre l’urine de troll et une vinasse jaunâtre. Son teint blafard faisait ressortir les énormes boutons ornés de poils noirs qui trônaient sur son nez crochu. Sa bouche édentée était tordue en un sourire étrange.

 

‑Tiens, v’là Kipu ! claironna Criip avec défi. Pire que les Farwfz sous les aisselles… alors qu’imaginer pour le derrière ?

 

L’humour du petit dragon eut pour effet que la plupart des voyageurs pouffèrent de rire. Les trois sœurs réussirent à esquisser un sourire malgré la terreur évidente que leur inspirait la mauvaise fée. Oryann avait dégainé son épée et Kelm se tenait prêt à intervenir. Finus avait discrètement ôté la sécurité de son pistéolaser. Malodora ne bougeait pas. Elle les observait avec des petits yeux cruels et inquisiteurs. Elle se frotta les mains. Ses ongles crasseux et ses paumes regorgeaient de vermine. Yavana eut un haut le cœur et se retint de vomir.

 

‑Madame la très puante et méchante hôtesse de ces bois, accepte-t-elle de nous parler ? la titilla Criip qui frétillait d’impatience.

 

La petite femme se dandina vers les compagnons avec un sourire montrant plus de chicots que de dents saines. Les vapeurs putrides de son haleine firent s’éloigner d’un pas ceux qui étaient le plus proche d’elle.

 

‑C’est moi qui vous fais fuir ? demanda-t-elle d’une voix chevrotante à mi-chemin entre le son d’une crécelle et le timbre d’une fillette.

 

‑Criip, surtout ne lui crache pas de feu au visage, recommanda Timmin avec sérieux. Y’a tellement de gaz nauséabond dans le coin que tu risquerais de tout faire exploser !

 

‑Ça ne se lave jamais une sorcière des bois ? s’interrogea Mariska en se pinçant le nez avec dégoût.

 

‑Si, dans de l’eau boueuse provenant des Farwfz ! lui répondit Miakas sur un ton ironique.

 

‑Plus sérieusement, intervint Elwynn, je fais partie de ces peuples des bois et jamais aucun des miens n’a senti aussi mauvais ! C’est une véritable puanteur ! Une impolitesse à mes yeux !

 

‑Je ne sens pas la jeunesse, certes, reprit la voix grinçante de l’horrible créature, mais jusqu’ici personne ne s’est plaint de mes odeurs naturelles… enfin, ceux qui ont essayé, je les ai mangés !

 

‑Elle se moque de nous, la Puante Fée des Bois, s’indigna Oryann qui sentait la colère monter en elle.

 

Menaçant la vieille femme de son épée, elle fut repoussée d’un geste autoritaire par cette dernière qui, marmonnant un sortilège dans une langue aussi rappeuse que son aspect était repoussant, fit tomber une multitude d’insectes sur la jeune femme qui hurla de dégoût et de rage en tentant de se débarrasser de cette vermine qui s’insinuait sous sa chemise.

 

‑Voyons ce qui se cache sous cette crasse, s’écria Yavana en crachant un petit jet d’eau sur la créature qui hurla de douleur comme si l’eau la brûlait.

 

‑Bientôt vous ne serez plus qu’un tas de viande grouillant de vers, hurla Malodora en faisant des gestes saccadés qui eurent pour effet de remplir la clairière d’êtres rampants et volants qui s’attaquèrent aux voyageurs.

 

Kelm projeta ses deux pieds vers le visage de la magicienne maudite. Il y eut un craquement mais la petite bonne femme ne bougea pas. Elle cracha trois dents par terre. Kelm lui asséna alors un enchaînement de coups de pied et de poing qui n’eurent aucun effet sur Malodora qui ricanait devant les efforts du jeune homme. D’un geste de la main, elle l’écarta violemment comme un simple moucheron.

 

‑Mes amis, soyez sympas, laissez-la-moi, demanda calmement Yavana en voyant Miakas et Elwynn s’approcher de la créature des bois. Je crois qu’elle abhorre vraiment l’eau et que c’est pour cela qu’elle sent aussi mauvais ! Et ça, c’est mon domaine !

 

Joignant le geste à la parole, la naïade invoqua un sort ancestral du lac Ery-Pel et de sa bouche jaillit une source claire et pure qui vint fouetter la peau de Malodora. Celle-ci hurla et tomba à terre où elle se tordit de douleur. Yavana déversa une telle quantité d’eau que, peu à peu, toutes les saletés et la vermine qui grouillait sur les vêtements et dans les cheveux de l’horrible mégère partirent rejoindre la terre.

 

Mais le liquide eut un étrange effet sur Malodora. Les compagnons virent la mauvaise fée fondre, se désintégrer, devenir un tas d’os puis de simples cendres sous le seul jet d’eau que Yavana continuait de cracher. A la fin, Malodora n’existait plus. Son odeur putride et tous les insectes et rampants qu’elle avait convoqués disparurent dans le néant.

 

‑Pour une fois que je n’y suis pour rien, se flatta Criip en contemplant le petit tas de cendres. Je n’aurai jamais pensé que l’eau pouvait avoir l’effet du feu sur certaines personnes !

 

 

Lara Lee Lou Ka

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extrait de la dernière des Liomages

Publié le par Lara Lee Lou Ka

extrait de la dernière des Liomages

CHAPITRE 1

 

Maelis secoua ses longs cheveux fauves aux reflets rouges. Ses yeux d’ambre se plissèrent jusqu’à devenir deux minces fentes. Les imbéciles, se dit-elle en son for intérieur, ils ne m’ont pas crue ! Ils vont droit à la mort !

 

Se morigénant sur son manque de persuasion quant à convaincre une tierce personne qu’elle pouvait voir son devenir, elle enfourcha prestement son bel étalon à la robe alezane qui répondait au nom de Sauvage. Seule Maelis pouvait le chevaucher sans y risquer sa vie. C’était un cadeau de son père. Lui-même n’avait jamais pu  rester plus de quelques secondes sur le dos de cet animal robuste et plus haut que lui.

 

De la race des Flamboyants, Sauvage n’acceptait de transporter que Maelis et elle seule. Plus d’une fois ses robustes jambes arrière avaient blessé les voleurs qui l’avaient frôlé de trop près ou certains jeunes hommes mal intentionnés vis-à-vis de sa cavalière. Farouche et indépendant, il portait bien son nom. Pourtant,  Sauvage avait donné son cœur à Maelis et la jeune fille le lui rendait bien.

 

De son regard si particulier, la jeune fille scruta l’horizon. Un nuage de poussière s’élevait dans le lointain. D’un coup de talon, elle encouragea sa monture à le rattraper tout en sachant à l’avance ce qu’elle trouverait en arrivant.

 

Ils ne sont pas si loin, soupira-t-elle, se pourrait-il qu’une fois au moins je puisse sauver quelqu’un dont je vois la mort ?

 

Bien qu’elle fut consciente que la réponse serait toujours la même, elle fit galoper Sauvage dans la direction qu’avait prise les voyageurs. Ce n’était que de simples commerçants qui cherchaient leur chemin dans le désert d’Essable. Ils lui avaient demandé conseil et elle leur avait interdit de traverser la piste sablonneuse de jour. Ils s’étaient ri d’elle et ne l’avaient point prise au sérieux.

 

Elle se pencha sur l’encolure havane de Sauvage et lui murmura quelques mots à l’oreille. Le Flamboyant parut comprendre ce que lui demandait sa cavalière et accéléra le rythme de ses foulées. Maelis voulait les sauver. A quoi cela lui servirait-il de lire dans l’avenir si ce n’était pour protéger les plus faibles ?

 

Elle trouva leurs corps, à l’endroit exact qu’elle avait vu dans son flashvenir. Egorgés et dépouillés de tous leurs biens, gisant auprès du puits de Nonsansoif. Les brigands d’Essable avaient été rapides. Encore une fois. Maelis savait qu’elle n’aurait rien pu faire. Jamais la lecture de l’avenir ne lui avait permis de sauver qui que ce soit.

 

Elle n’avait que quinze ans mais sa vie avait été si riche d’évènements tragiques qu’elle avait souvent l’impression d’être bien plus âgée.

Deux ans plus tôt, elle était devenue orpheline et jetée dans cette vie errante bien malgré elle. Enfant unique d’un couple de brigands d’Essable, elle avait grandi dans un univers où étaient encensés la rapine et le meurtre.

 

Elle avait six ans quand son père lui avait offert sa première arme. Un joli coutelas au manche de nokifa sculpté. Il lui avait appris le maniement et le lancer de l’arme blanche et quelques mois plus tard, la fillette touchait une cible à quinze pas. Sa mère lui avait enseigné l’art de l’esquive et du vol à la tire. Plus tard étaient venues les leçons de combat à mains nues puis à l’épée.

 

A l’aube de ses treize ans, un régiment d’Hommes du Roi avait rasé le camp des brigands. Une dénonciation. Un traître était sûrement parmi eux. Qui ? Maelis le saurait un jour et elle s’était promis de le tuer. Ce fut une boucherie sans nom. Seuls les jeunes enfants et quelques adolescents furent épargnés. Pourquoi ? Nul ne le sait. Il se peut que les soldats n’aient pas eu le cœur à massacrer des gamins qui avaient le même âge que les leurs. Peut-être. Ou était-ce un ordre royal afin que les plus jeunes se souviennent de la clémence de Rory Le Galant, premier du nom. 

 

Erreur ! La vengeance était un poison. Les rescapés du massacre l’avaient déjà dans leurs veines. Quel que soit leur âge.

 

Ce jour-là, tragiquement, Maelis reçut son don de double vue. La mort de sa mère qui le possédait lui transmettait automatiquement. Malgré son jeune âge, la fillette comprit que celui-ci serait exploité à mauvais escient si elle restait avec les survivants. Les mots « sang » et « vengeance » revenaient trop souvent dans la bouche de ceux et celles qui avaient vu leurs parents mourir sous les coups des Hommes du Roi.

Comment sa mère avait-elle pu ne pas prévoir ce massacre ? Longuement, Maelis réfléchit à la question. La seule réponse plausible qu’elle trouva ce fut que nul ne peut prédire son propre sort. Faisant partie de ceux qui seraient tués, sa mère avait eu sa double vue occultée.

 

Maelis soupira. Elle toucha du bout des doigts les deux magnifiques épées qui lui battaient les cuisses. Ultime cadeau de son père. Celui-ci devait lui offrir pour ses treize ans. La jeune fille les avait découvertes en fouillant la maison de ses parents à la recherche de ce qu’elle pouvait emporter. Elle jeta un œil sur les fontes en cuir qui pesaient légèrement sur les flancs de Sauvage.

 

 Elle n’avait quasiment rien pris. Quelques potions et autres ustensiles médicaux, un peu de nourriture, ses épées, son cheval et le médaillon de Rippour. Le bijou à la facture ancienne pendait à présent à son cou. Héritage ancestral des femmes Liomages. Médaillon qui avait, dit-on, des pouvoirs magiques qui sommeillaient en lui en attendant la révélation de l’Elue. Jusqu’à présent, ce n’était qu’un simple ornement d’or pur qui se balançait entre les petits seins de Maelis au rythme du pas de son cheval.

Secouant la tête, la jeune fille chassa les noires pensées qui lui obstruaient les neurones. Elle avait accompli son devoir de mémoire en enterrant les voyageurs et en gravant une pierre de souvenir. Le plus urgent, vu les nuages sombres qui s’amoncelaient non loin d’elle, était de trouver un abri pour la nuit. Son estomac grommela son mécontentement et elle réalisa qu’elle n’avait rien mangé depuis la veille au soir.

 

Comme par enchantement, une taverne apparut le long du chemin caillouteux. La seule voie praticable qui traversait la région de la Rogrie. Maelis fronça les sourcils qu’elle avait peu fournis. Quelle était cette auberge ? Ce n’était pas la première fois qu’elle passait par ici et jamais elle n’avait vu cette maison de pierres brunes au toit de chaume. Elle paraissait ancienne, comme si elle avait toujours été bâtie en ce lieu. 

 

Lara Lee Lou Ka

 

 

 

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Extraits de sheendara livre 1 : la légende de la Pierre Sacrée

Publié le par Lara Lee Lou Ka

Extraits de sheendara livre 1 : la légende de la Pierre Sacrée

La végétation luxuriante et brillante de rosée semblait s’éveiller en même temps que l’homme qui gisait sur son sol, nu. Il cligna des yeux. Son regard était aussi bleu que le ciel au-dessus de lui. Puis il grimaça en portant la main à sa tête.

 

‑ Bon sang, maugréa-t-il en se redressant à demi, mais que s’est-il passé ?

 

Sa mémoire lui faisait défaut. Rien. Il ne se rappelait de rien avant ces quelques minutes. Il voulut se lever mais le sol sembla se dérober sous ses pieds. La tête lui tournait. Il se rassit précipitamment. Il se sentit soudain seul au monde, comme un naufragé venant de s’échouer sur une île déserte.

 

Où que son regard se pose, il n’y avait que la forêt. Des arbres grandioses, majestueux, avec de magnifiques feuillages roses et or, l’entouraient.

 

Au bout d’un certain temps, il essaya à nouveau de se lever. Sa tête le faisait toujours souffrir mais c’était supportable. Il voulait savoir où il se trouvait. Il se mit en marche. Se laissant guider par son instinct, il s’engagea dans la forêt qui semblait lui ouvrir ses futaies comme des bras amoureux. 

 

Il marcha aussi longtemps qu’il le put, mais quelle que soit la direction qu’il prenait, seuls des arbres et de grandes fougères violettes semblaient exister dans cet endroit. Il commença à s’inquiéter.

 

Il avait froid et pourtant son corps nu était ruisselant de sueur. Il avait faim et ne voyait rien de comestible autour de lui.

 

Il ne savait pas où il était, ni qui il était. Sa mémoire était une page blanche.

 

Soudain, un bruit discret se fit entendre derrière lui. Il sursauta et son pied se prit dans une racine. Il sombra dans le néant après que sa tête eut touché le sol.

 

 

Jour 1

Carnet de bord du Professeur Q.

 

X00032 est arrivé à destination. Le transfert de notre monde vers Sheendara s’est réalisé sans aucun problème.

 

Enfin ! Nous y sommes arrivés !

Il aura fallu trente et un échecs pour aboutir à cette victoire !

 

Nota bene : Afin que mes notes soient plus claires pour tous ceux qui n'appartiennent  pas au Consortium, je tiens à faire quelques précisions.

 

Une porte sur ce monde inexploré s’est ouverte il y a plusieurs décennies. Le professeur Matthews

est celui qui peut se prévaloir de la découverte de la pierre qui marque l’entrée de ce monde parallèle.  De tous les caractères gravés sur ce monolithe, un seul a pu être décrypté : SHEENDARA ; et nous pensons que c’est le nom de ce monde nouveau.

 

Revenons à X00032.

 

Les capteurs ont réussi à le suivre dans le passage. Pour la première fois, aucun instrument de repérage n’a été abîmé. Nous avons bien fait de renforcer leurs protections électromagnétiques ! Ces nanomachines, quasiment invisibles à l’œil nu, sont de merveilleuses caméras volantes qui peuvent suivre un sujet durant une centaine de jours selon leur programmation. Elles perçoivent et transmettre les fréquences cardiaques. Il faut savoir que chaque personne envoyée sur Sheendara a subi une batterie de tests médicaux et nous avons enregistré toutes ces informations. Les capteurs se servent de ces données pour reconnaître la personne qu’ils surveillent.

 

X00032 semble reprendre conscience doucement.

Ses signes vitaux sont excellents.

 

X00032 a été choisi parmi quarante-sept prisonniers, tous condamnés à la peine capitale.

Il mesure un mètre quatre-vingt-dix et pèse quatre-vingt-dix-huit kilos.

C’est un ancien combattant de l’Elypse, entraîné aux arts martiaux ancestraux.

Il est réputé pour avoir un mental d’acier.

Il a été condamné pour rébellion à l’Elypse lors de la crise de 71.

 

Les questions qui se posent sont les suivantes : arrivera-t-il à survivre dans ce monde inconnu et inexploré ? Saura-t-il affronter tous les dangers présents et à venir ? Aura-t-il conservé toutes ses facultés, tant mentales que physiques, suite à ce «voyage» ?                                  

 

Il ne pourra compter que sur lui-même.

 

Aucun de nous n’est habilité à l’aider.

Le Consortium Scientifique que je préside est composé de cinq savants. Il a pour seul objectif d’observer la possibilité de survie d’un humain en terrain hostile et inconnu.

 

Les capteurs le situent au milieu d’une végétation dense et ne décèlent aucune vie humaine à proximité.

 

X00032 se déplace.

 

Toujours aucun signe de vie dans les parages.

 

Seules quelques interférences font clignoter nos radars.

Sûrement les résidus du champ électromagnétique du passage.

 

Lara Lee Lou Ka

 

 

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